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jeudi, 15 novembre 2018

Un nouveau Moyen Age musical

Il existe une correspondance entre la forme de la musique et la conception du temps. Ainsi la forme répétitive de la musique médiévale répondait-elle à une conception cyclique du temps, notamment assise sur le cycle des saisons et sur ceux de la liturgie chrétienne. En revanche, la musique répétitive contemporaine paraît à contretemps d’une conception linéaire du temps, liée non pas à l'idée du Salut mais à celle du Progrès, à moins de la regarder comme symbolique d’une crise de la modernité. En ce cas, on pourrait parler d’un nouveau Moyen Age musical.

14:24 Publié dans Clef de sol | Lien permanent

vendredi, 28 septembre 2018

De la misanthropie comme droit de l'homme

La misanthropie devrait être reconnue comme un droit de l’homme avant qu’il ne soit trop tard.

10:19 Publié dans Divertissement | Lien permanent

vendredi, 31 août 2018

La Solitude des femmes entre elles

Femmes entre elles : le titre est édulcoré en comparaison de celui de la nouvelle de Pavese (Entre femmes seules) dont le film d'Antonioni - sorti en 1955 - est l’adaptation. Derrière la frivolité qu’il annonce, il y a un drame, une tragédie même. Tout commence par une tentative de suicide qui sème le trouble, mais à peine, le temps pour un groupe d’amies d’en faire le reproche à celle qui en est à l’origine. Puis, la légèreté reprend son cours, entre flirt et infidélité. Mais la gravité travaille en souterrain : l’interrogation demeure, l’inquiétude aussi, et surtout la difficulté de vivre. Elle est commune à tous les personnages, de Clelia l’ambitieuse à Rosetta la suicidaire, en passant par Momina la volage, Nene la généreuse, Lorenzo le raté ou encore Cesare le coureur. Chacun éprouve à sa façon la solitude intérieure, l’incommunicabilité avec les autres et l’impossibilité de l’amour. Et s’il n’y a qu’une femme qui tombe au bout du compte, c’est que les autres s’agrippent à quelque chose ou choisissent de fuir.

23:06 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : antonioni, pavese

mardi, 28 août 2018

Basse politique

Beaucoup de faits politiques se situent en dessous du simple fait divers.

10:44 Publié dans Politie | Lien permanent

dimanche, 05 août 2018

Le Goût d'Ozu

Le Goût du saké montre la résolution à contrecœur d’un père veuf qui pousse sa fille à se marier pour qu’elle ne devienne pas une vieille fille. Il y a dans ce dernier film d’Ozu sorti en 1962 un concentré de toute son œuvre, de son style poétique et géométrique à la fois (caractérisé par une succession de plans fixes, centrés ou parfois décentrés), de son regard doux-amer sur un Japon traditionnel qui disparaît (entre la réduction de la famille étendue et le développement de la société de consommation). Ozu a su être le cinéaste de la transition historique du Japon d’après-guerre avec des principes formels tendant à l’intemporalité artistique. C’est dans cette dualité que réside la grandeur du réalisateur de Voyage à Tokyo.

La matrice de son œuvre est dans ses carnets, où il se révèle philosophe autant qu’artiste. On y trouve cette excellente maxime : « Pour les choses qui n’en valent pas la peine, suivre la mode. Pour les choses importantes, suivre la morale. Pour l’art, ne suivre que soi. » Il y a chez lui du moraliste tranquille, du nationaliste résigné ou du conservateur ironique, l’ironie étant une forme sublimée de la résignation. Et au bout de cela, il y a une philosophie du vide que symbolise le « rien » qui figure sur sa tombe. On peut y voir une ultime ironie ou la négation de toute forme d'espérance. Ozu, que l’on croit seulement cinéaste, est un maître de sagesse.

01:52 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : ozu

mardi, 31 juillet 2018

Laura nue : le film antonionien de Nicolò Ferrari

Le sujet de Laura nue est le mal d'amour d’une jeune mariée de vingt ans dans la Vérone du début des années 1960. Ce film en noir et blanc assez dépouillé dans la forme, tout en gros plans, avec un fond de musique mélancolique, s’inscrit dans une veine très antonionienne. Le mal de vivre, l’impossibilité d’aimer ou d’être heureux, l’incommunicabilité entre les êtres sont les thèmes profonds d’une œuvre qui témoigne d’une époque (le creux ou le contrecoup du miracle économique italien) et qui ne serait peut-être pas passée inaperçue sans les films contemporains – et plastiquement plus remarquables – d’Antonioni.

22:38 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : antonioni, mélancolie

vendredi, 27 avril 2018

Bergman vs Tarkovski

La dialectique qui se trouve au cœur de leurs œuvres respectives n’est pas la même : le duo ou le duel a la préférence de Bergman (comme au théâtre) tandis que le trio est privilégié par Tarkovski (comme sur le modèle de la trinité chrétienne). L’un met en scène des huis clos, des affrontements psychologiques, des accouchements de vérité dans la douleur ; l’autre, des intérieurs lumineux ou des paysages foisonnants, des images qu’on pourrait dire iconiques, des dialogues énigmatiques dont le sens est ouvert vers un au-delà. La métaphysique du premier est tout intérieure alors que celle du second est plus cosmique.

14:09 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : bergman, tarkovski

lundi, 02 avril 2018

De la singularité du Tintoret dans l'école vénitienne

L’intérêt de l’exposition du musée du Luxembourg se trouve dans son titre même : Tintoret, la naissance d’un génie. Ou comment l’un des trois grands de la peinture vénitienne du Cinquecento s’est tôt distingué des maîtres de son temps – Titien en particulier – et de ses modèles avoués – Michel-Ange notamment – par sa manière plus que par le choix de ses sujets.

Pour se démarquer de la peinture officielle – avant de finir par l’incarner à son tour, il a pris le parti de la rapidité d’exécution, du décentrement du sujet ou encore de la vue en contreplongée (dans les scènes dramatiques surtout, comme dans Jupiter et Sémélé ou Judith et Holopherne). Même pour l’art du portrait, il a privilégié le trois-quarts et surtout le fond noir afin de se concentrer sur le visage ou l’œil, dans lequel se réfléchit la lumière et où se révèle le fond de l'âme. Rien à voir avec la solennité des portraits de cour peints par Titien ou même Véronèse.

Il y a chez le Tintoret (Tintoretto : le petit teinturier) la recherche d’une vérité qui ne passe pas simplement par le dessin ou la couleur, mais par une géométrie désaxée (Jésus parmi les docteurs), une perspective en diagonale (Le Christ et la femme adultère) ou un raccourci en biais (La Princesse, saint Georges et saint Louis). Assurément, il a fait, comme les autres grands peintres de l’âge d’or vénitien, la transition entre la Renaissance et la période baroque ; mais il a fait mieux encore, en marquant une étape dans l’évolution de la peinture vers une plus grande liberté du trait, sinon du sujet.

13:11 Publié dans Beaux-arts | Lien permanent | Tags : histoire de l'art, tintoret

vendredi, 30 mars 2018

La Liberté de dire ou ce qu'il en reste

Il est devenu difficile voire impossible de parler dans l’espace public des différences, ce qui est un paradoxe puisqu’on ne cesse de célébrer en même temps la Différence. Il n’est plus seulement possible d’évoquer les différences entre les hommes et les femmes, les hétérosexuels et les homosexuels ou encore entre les nationaux et les étrangers, pour prendre les trois domaines les plus sensibles. Résultat : rien n’est dit que de convenu.

Par convenu, il faut entendre ce qui est admis sous un régime d’égalité et d’indifférenciation. Cela donne une nouvelle forme d’hypocrisie que l’on pourrait néanmoins rapprocher de la vieille hypocrisie bourgeoise (on professe une morale à laquelle on ne croit pas et que l’on contredit dans les faits), mais aussi de la dissimulation en usage dans les pays dictatoriaux (on tient un discours auquel on ne croit pas de peur de perdre sa position sociale voire d’être poursuivi en justice).

11:16 Publié dans Civilisation | Lien permanent

mercredi, 07 février 2018

Le Miracle de Persona

Persona est une sorte de miracle : ce film d'Ingmar Bergman (sorti en 1966) montre, à travers deux femmes opposées et pourtant fusionnelles par moments, le mal, le mal-être, la méchanceté, la souffrance, la vengeance et, au lieu d’être laid, effrayant ou répugnant, il est beau, fascinant et presque religieux. La lumière est religieuse, onirique, spectrale, et elle fait plus qu'adoucir la noirceur des sentiments ou des personnages ; elle transcende les visages, magnifie les paysages, réconcilie l’humanité avec le monde. A-t-on jamais vu un film qui soit à ce point cruel et sublime, terrible et merveilleux ? – En tout cas, rares sont les films qui présentent de tels contrastes.

12:18 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : bergman