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mercredi, 05 avril 2017

Hadot, exégète de Marc Aurèle

Dans La Citadelle intérieure, Pierre Hadot a le grand mérite de nous montrer toute la cohérence et même le système (avec ses dogmes ou principes fondamentaux et ses règles pratiques) que forment les pensées de Marc Aurèle. Il dégage les trois règles de vie auréliennes : agir avec justice, accepter avec sérénité les événements (qui ne dépendent pas de nous) et penser avec rectitude. Ces règles sont souvent associées et inlassablement répétées jusqu’à parfois la quasi-littéralité. La répétition révèle précisément le sens même de l’écriture qui est un exercice spirituel.

Marc Aurèle écrit pour actualiser ou réactualiser, dans le sens de réactiver, sa philosophie. C’est l’écriture qui permet de la garder vivante sans la laisser mourir dans des mots déjà consignés. Elle devient ainsi philosophie active, même si elle n’est conçue que pour soi-même. Et le souci de la forme que traduit la formulation de certaines sentences n’est que celui de l’efficacité : ce qui s’énonce bien se retient plus aisément.

01:06 Publié dans Philosophia | Lien permanent | Tags : marc aurèle, stoïcisme

lundi, 20 février 2017

Le miroir du ressentiment

Le ressentiment que l’on nourrit chez un autre, on finit par l’éprouver soi-même comme par l’effet réfléchissant d’un miroir.

12:04 Publié dans Psyché | Lien permanent

vendredi, 10 février 2017

Ce que Silence dit de Scorsese

Le sujet du dernier film de Scorsese - Silence - est emprunté au roman éponyme de Shûsaku Endô : la persécution des chrétiens dans le Japon du XVIIe siècle et l’obligation d’apostasie imposée même aux prêtres évangélisateurs, acculés à devenir comme des marranes chrétiens.

Scorsese prend ce détour exotique et historique pour traiter les thèmes qui lui sont chers comme la violence originelle, la solitude au sein du groupe et la rédemption par la souffrance. Mais à travers le martyre des missionnaires portugais et des autochtones convertis dans le Japon des Shoguns, il reprend et illustre aussi tous les dilemmes du christianisme : le doute ou la prière, la parole ou le silence, le sacrifice de soi ou le sacrifice de la foi.

A ces dilemmes se joint ou se superpose l’opposition de l’universel et du particulier, avec les enjeux de l’évangélisation du monde (au nom de la vérité du Christ), d’un côté, et la préservation des identités religieuses ou culturelles (comme la religion de la nature des Japonais), de l’autre. C’est sans doute parce que Scorsese n’a jamais traité aussi explicitement, aussi frontalement ces questions qu’il atteint ici à une forme d’épure cinématographique, loin de son rythme et de ses effets habituels.

Silence s’inscrit parmi les grands films religieux ou chrétiens, à tout le moins, de l’histoire du cinéma.

22:27 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : scorsese

mercredi, 18 janvier 2017

La fonction idéologique de l'école

L’école n’apprend pas à penser le monde tel qu’il va, mais seulement à l’accepter. Elle remplit une fonction idéologique de légitimation. En ce sens, elle n’a pas changé ; c’est l’idéologie qui a changé.

23:08 Publié dans Civilisation | Lien permanent

dimanche, 15 janvier 2017

Le corps de l'autre

Le corps de l’autre est le miroir olfactif de nos propres odeurs.

12:46 Publié dans Eros | Lien permanent | Tags : sentences

jeudi, 12 janvier 2017

La communautarisation des sciences sociales

Le communautarisme existe dans tous les secteurs de la société, y compris celui de l’Université et de la recherche. Nombre de chercheurs en sciences sociales choisissent un sujet de recherche à raison de leur origine ou de leur sexe. Ainsi une communautarisation des sciences sociales est-elle à l’œuvre, qu’illustrent bien les études de genre.

22:55 Publié dans Civilisation | Lien permanent

lundi, 02 janvier 2017

Laclos ou le génie du ressentiment

Laclos était un parfait homme du ressentiment. Il se sentait toujours brimé aux armées. Mieux, à chaque brimade, il se vengeait par transposition en ajoutant une lettre supplémentaire aux Liaisons dangereuses. Il avait un talent aiguisé et peut-être même déterminé par le ressentiment. Voilà qui montre la force de celui-ci, et la remarquable opération chimique dont il est capable.

21:50 Publié dans Lettres | Lien permanent

lundi, 28 novembre 2016

L'éternel retour confirmé

L’hypothèse de l’éternel retour se trouve confirmée par l’astrophysique moderne, la psychologie du désir ou encore la sociologie électorale. L’alternance politique en est une très bonne illustration.

01:38 Publié dans Divertissement | Lien permanent | Tags : nietzsche

vendredi, 18 novembre 2016

L'Amour comme un château en Espagne

Drôle de voyage de Drieu la Rochelle, paru en 1933, est un roman d’analyse assez subtil, qui se situe entre Adolphe et Armance. Le personnage de Gille (sans s) est sensible sans être sentimental ou plutôt, comme l’était Drieu lui-même, d’une sentimentalité honteuse et cachée. Dans sa fréquentation d’une fille de lord anglais, il est tiraillé entre attirance et prévention, prédation et renoncement. Ses deux séjours à Grenade trahissent une évidente indécision ; mais c’est l’envie de fuir qui l’emporte finalement et, plus que la peur du mariage (où la femme enserre l’homme de sa faiblesse), le dégoût d’un milieu étriqué que l’idée de la décadence lui fait détester.

Il y a beaucoup de Drieu dans ce personnage de diplomate, comme il avait rêvé de le devenir lui-même ; mais son Gille Gambier est placé dans un décor imaginaire en dépit de quelques éléments empruntés à la réalité tant historique (la montée du fascisme sert discrètement de toile de fond politique au livre) que personnelle (le personnage de Cahen, l'ami de Gambier, est le double probable de Berl). Pour drôle que soit ce voyage romanesque, il l’est par son résultat plus que par ses péripéties : l’aventure n’aura été qu’une aventurette. Mais loin d’en avoir le côté dérisoire, le roman s’inscrit dans la meilleure veine de Drieu, celle de la dénonciation des faussetés de la vie bourgeoise, entre Blèche et Rêveuse Bourgeoisie.

10:25 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : drieu, berl, constant, stendhal

mardi, 16 août 2016

Céline, épistolier rageur

Dans ses Lettres à la N.R.F., Céline se montre tour à tour plaintif, mordant, injurieux, grossier et vénal. Sa cible privilégiée est évidemment le patron de la maison Gallimard. A l'égard du vieux Gaston, il est incroyablement teigneux en raison de son âpreté au gain et de sa manie de la persécution. C'est que le goût du succès ou simplement le manque d'argent le rend impatient et le climat de l'après-guerre lui donne des raisons de se croire - au moins jusqu'à son retour d'exil - menacé. Pourtant, il a trouvé en Gallimard et, mieux encore, en Paulhan ou Nimier des soutiens et même de solides agents pour sa réhabilitation sociale et littéraire.

Malgré cela, loin d'aller à résipiscence, Céline persévère dans le péché et avec d'autant plus d'allégresse qu'il le sait constitutif de son génie. Ce que révèlent ou plutôt confirment les lettres adressées à la maison Gallimard, c'est le grand continuum du style et - pour une bonne part - de la pensée de Céline entre les romans, les pamphlets et la correspondance. Mais à la différence des pamphlets, il est ici drôle à force d’outrance, jusqu’à faire oublier ses évidentes mesquineries, et même inventif dans ses injures ou ses formules imagées, en dépit de ses obsessions biologisantes. Pour le lecteur qui laisse de côté ses pudeurs de jeune fille, la réjouissance l’emporte sur l'effarouchement ou la consternation.

23:09 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent | Tags : nimier