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mercredi, 05 mai 2010

Un monde de vanités

Dans la dernière exposition au musée Maillol, la vanité est entendue de manière exclusive comme la représentation d’un crâne. Cette conception, pour rigoureuse qu’elle soit, n’en est pas moins trop restrictive et paradoxalement extensive. La seule représentation d’un crâne fait-elle la vanité ? A l’inverse, une  nature morte sans crâne ne mérite-t-elle pas cette qualification ? Autre problème : les œuvres sont présentées selon une chronologie à rebours. Le parti pris est contestable, mais il peut se défendre avec le retour du genre dans l’art contemporain.

Une grande place est faite à Damien Hirst et à ses crânes conçus dans des matières peu communes – notamment celui recouvert de mouches et de résine. Moins saisissant, mais assez étrange tout de même, un crâne transpercé de deux couteaux de cuisine et, dans les orbites des yeux bouchées par des coquillages, de deux aiguilles à tricoter est placé au centre d’un disque blanc supposément solaire. Qu’a voulu représenter l’artiste ? Le titre répond : La Mort de Dieu. La vanité ici serait plutôt comme une crucifixion postmoderne. En matière de crucifixion, on peut préférer l’Ecce homo de Delvaux que l’exposition donne aussi à voir. Un Christ en croix est environné par des squelettes vivants dans une lumière grise. Il est crucifié, mais en chair ; ils sont vivants, mais sans chair. Le chiasme symboliquement se comprend.

Extension de la vanité par le motif du crâne, mais aussi dans le temps. L’exposition fait remonter le genre né entre le XVIe et le XVIIe siècle dans ses deux manières, la méditation et la nature morte, jusqu’au Memento mori des mosaïques de Pompéi. Il n’y a pas lieu de s’en offusquer. Après tout, la vanité n’a pas d’autre fonction que cet antique rappel de la finitude. Mais un autre territoire se trouve annexé à la vanité : celui de la mélancolie. Un beau tableau de Fetti que l’on avait vu dans la remarquable exposition organisée par Jean Clair se retrouve ici, raccroché au thème de la vanité par la présence d’un crâne.

Plus près de la vision fantastique que de la simple vanité est le Memento mori de Giovanni Martinelli. La mort représentée sous la forme d’un squelette portant un sablier fait irruption au milieu d’un dîner. Il faut voir le mouvement d’effroi qui saisit les convives. L’un d’entre eux signifie par un geste de la main qu’il n’est pas concerné. Un autre sur l’épaule duquel la main de la mort s’est posée semble dire : « Quoi ? Mais cela ne peut être moi ! » Une autre vision saisissante, bien que moins fantastique : Saint Jérôme en méditation de Pietro Paolini. Le saint lit à sa table de travail, où apparaît un crâne entre des papiers épars, dans une obscurité inquiétante.

Assez logiquement, la vanité voisine avec la mystique. Georges de La Tour a peint un saint François d’Assise en pleine extase, à moins que ce ne soit une crise de doute comme en témoigne le crâne qu’il serre entre ses mains. Zurbarán, de son côté, a représenté un moine en bure agenouillé pour la prière tenant sur ses mains jointes un crâne. Le moine essaie-t-il de surmonter le chagrin ou la peur de la mort par la prière ? En tout cas, cette œuvre magnifique à la fois par son plan géométrique et le traitement des ombres et de la lumière constitue le clou de l’exposition.

Avec la déchristianisation de la société, la vanité a disparu quelque peu de la scène artistique en dépit des Trois crânes de Géricault. Des explications murales font commencer une nouvelle ère de la vanité avec un tableau de Cézanne. Mais ce sont deux autres tableaux surréalistes qui retiennent l’attention : La Complexité du vampire de Clovis Trouille, qui montre une Gitane prostrée sous une guillotine sanguinolente rêvant à des têtes décapitées, et le Quasimodo genitis de Max Ernst, qui laisse voir des squelettes dans les plis d’un rideau sous une lune voilée.

Au sortir de la Guerre, la vanité mélancolique a laissé la place à une vanité d’après la catastrophe. Une composition de Buffet représente un homme nu et décharné dans une lumière grise comme de retour d’un camp de concentration. La mélancolie revient néanmoins dans un tableau de Jean Hélion qui représente une femme charnue couchée sur une table baignant dans une lumière du Midi. Mais il s’agit d’une parenthèse ensoleillée dans un monde désormais voué au grand macabre à l’image des crânes de Damien Hirst qui viendront plus tard.

22:26 Publié dans Beaux-arts | Lien permanent | Tags : mélancolie, histoire de l'art

samedi, 24 avril 2010

L'insolent Bussy-Rabutin en son château

Un bel esprit a été le maître de ces lieux. Il a fait mieux que des livres, il a laissé des devises qui ornent aujourd’hui encore les murs de son château. Des devises illustrées dans le premier salon par de plaisantes images comme ce soleil qui n’éclaire pas ou ce cadran solaire qui tourne le dos au soleil. L’allusion à Louis XIV, qui exila Monsieur de Rabutin sur ses terres, est transparente ; mais le Roi-Soleil n’est pas sa cible unique.

Dans un autre salon, Monsieur de Turenne, qui le priva d’un bâton de maréchal, a droit à un demi-panneau quand les autres hommes de guerre représentés ont droit à un panneau entier. Dans le bureau en rotonde, Madame de La Baume qui fut la cause de son exil est parée, sous un portrait pourtant avantageux, du titre de meilleure maîtresse du royaume. Bref, d’une pièce à l’autre, le château est plein de ces insolences qui eussent pu coûter pis que l’exil intérieur à son auteur. Qu’y a-t-il manqué ? Une visite impromptue du Roi-Soleil.

01:17 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent | Tags : moralistes, bussy-rabutin

jeudi, 01 avril 2010

Signifiance et insignifiance de Blanchot

Politiquement, Blanchot est passé d’une caricature à une autre. Littérairement, il est passé d’une insignifiance brillante à une signifiance obscure. Son évolution littéraire a été la plus profonde.

01:05 Publié dans Lettres | Lien permanent

samedi, 20 mars 2010

La nouvelle Réaction en littérature

Le conservatisme a disparu du monde des lettres ; une Réaction venue de la gauche occupe sa place.

10:02 Publié dans Politie | Lien permanent | Tags : conservatisme, réactionnaires

mercredi, 10 mars 2010

De la modernité japonaise

Avant la modernité occidentale, il y avait au Japon une cuisine minimaliste, une musique atonale et une philosophie du néant.

00:43 Publié dans Civilisation | Lien permanent

lundi, 25 janvier 2010

De l'anarchie dans la réaction

Il y a dans tout réactionnaire un anarchiste pour le temps présent.

00:23 Publié dans Politie | Lien permanent | Tags : sentences, réactionnaires

mercredi, 20 janvier 2010

Justification

Un homme qui ne se justifierait jamais serait le plus seul des hommes.

14:13 Publié dans Sophia | Lien permanent | Tags : sentences

samedi, 12 décembre 2009

Du bon mensonge

Mentir à des étrangers n’est pas immoral. Nous leur devons moins que tout la vérité sur nous-mêmes.

23:40 Publié dans Diplomatie | Lien permanent | Tags : sentences, maximes

vendredi, 30 octobre 2009

Des rivalités vénitiennes au Louvre

Une belle exposition temporaire qui, mettant en regard les grands peintres du XVIe siècle vénitien, fait ressortir les influences et différences entre eux. Titien apparaît comme le grand maître que les autres, Tintoret puis Véronèse, imitent avant de s’en démarquer. Il reste un maître incomparable pour le portrait de cour où il allie la finesse des traits à la magnificence des couleurs. Son œuvre demeure un modèle indépassable pour certains sujets comme la Vénus au miroir, même s’ils donnent lieu à de passionnantes variations du Tintoret et de Véronèse. Il est d’autres sujets néanmoins, comme les pèlerins d’Emmaüs, qui permettent à Véronèse de déployer tout son talent de peintre décorateur et d’égaler, sinon de dépasser, Titien par la richesse et la puissance du traitement.

Il faudrait encore mentionner les scènes du baptême du Christ ou de la solitude de saint Jérôme où les trois grands peintres rivalisent de mysticisme, sans que le plus mystique d’entre eux – Tintoret – l’emporte toujours, et celle du viol de Lucrèce par Tarquin, où ils se distinguent par l’accent mis sur la violence ou la sensualité. Mais il serait injuste de n’évoquer que les trois grands sans faire mention des autres peintres exposés, qu’il s’agisse de Giorgione, l’artiste théoricien de la peinture, ou Bassano, dont le double mérite tient à la remarquable technique du luminisme, préfigurant le clair-obscur, et à la promotion de l’animal comme sujet à part entière dans la peinture (Deux chiens de chassé liés à une souche).

00:31 Publié dans Beaux-arts | Lien permanent | Tags : tintoret, histoire de l'art

samedi, 12 septembre 2009

Art et puissance

L’histoire des arts a des liens étroits avec celle de la puissance, particulièrement pour la peinture. La peinture serait-elle plus que la musique l’art des puissants ? L’art des puissants ou l’art de la prospérité : songeons en particulier à la peinture italienne ou à la flamande, puis à l’hollandaise. A la fin du XVIIIe siècle, une grande peinture anglaise est née avec la révolution industrielle. Au début du XXe siècle, le retour de l’Allemagne au premier plan en peinture a coïncidé avec l’apogée de sa puissance industrielle. Et que dire de la peinture américaine après 1945 ?

23:00 Publié dans Beaux-arts | Lien permanent | Tags : histoire de l'art