Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 18 novembre 2016

L'Amour comme un château en Espagne

Drôle de voyage de Drieu la Rochelle, paru en 1933, est un roman d’analyse assez subtil, qui se situe entre Adolphe et Armance. Le personnage de Gille (sans s) est sensible sans être sentimental ou plutôt, comme l’était Drieu lui-même, d’une sentimentalité honteuse et cachée. Dans sa fréquentation d’une fille de lord anglais, il est tiraillé entre attirance et prévention, prédation et renoncement. Ses deux séjours à Grenade trahissent une évidente indécision ; mais c’est l’envie de fuir qui l’emporte finalement et, plus que la peur du mariage (où la femme enserre l’homme de sa faiblesse), le dégoût d’un milieu étriqué que l’idée de la décadence lui fait détester.

Il y a beaucoup de Drieu dans ce personnage de diplomate, comme il avait rêvé de le devenir lui-même ; mais son Gille Gambier est placé dans un décor imaginaire en dépit de quelques éléments empruntés à la réalité tant historique (la montée du fascisme sert discrètement de toile de fond politique au livre) que personnelle (le personnage de Cahen, l'ami de Gambier, est le double probable de Berl). Pour drôle que soit ce voyage romanesque, il l’est par son résultat plus que par ses péripéties : l’aventure n’aura été qu’une aventurette. Mais loin d’en avoir le côté dérisoire, le roman s’inscrit dans la meilleure veine de Drieu, celle de la dénonciation des faussetés de la vie bourgeoise, entre Blèche et Rêveuse Bourgeoisie.

10:25 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : drieu, berl, constant, stendhal

mardi, 16 août 2016

Céline, épistolier rageur

Dans ses Lettres à la N.R.F., Céline se montre tour à tour plaintif, mordant, injurieux, grossier et vénal. Sa cible privilégiée est évidemment le patron de la maison Gallimard. A l'égard du vieux Gaston, il est incroyablement teigneux en raison de son âpreté au gain et de sa manie de la persécution. C'est que le goût du succès ou simplement le manque d'argent le rend impatient et le climat de l'après-guerre lui donne des raisons de se croire - au moins jusqu'à son retour d'exil - menacé. Pourtant, il a trouvé en Gallimard et, mieux encore, en Paulhan ou Nimier des soutiens et même de solides agents pour sa réhabilitation sociale et littéraire.

Malgré cela, loin d'aller à résipiscence, Céline persévère dans le péché et avec d'autant plus d'allégresse qu'il le sait constitutif de son génie. Ce que révèlent ou plutôt confirment les lettres adressées à la maison Gallimard, c'est le grand continuum du style et - pour une bonne part - de la pensée de Céline entre les romans, les pamphlets et la correspondance. Mais à la différence des pamphlets, il est ici drôle à force d’outrance, jusqu’à faire oublier ses évidentes mesquineries, et même inventif dans ses injures ou ses formules imagées, en dépit de ses obsessions biologisantes. Pour le lecteur qui laisse de côté ses pudeurs de jeune fille, la réjouissance l’emporte sur l'effarouchement ou la consternation.

23:09 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent | Tags : nimier

lundi, 15 août 2016

L'infantilisme occidental

L’homme occidental est un grand enfant. La société des loisirs, la généralisation du mode ludique et la mercantilisation de la nostalgie de l’enfance l’ont fait ainsi. Pire qu'une tendance psychologique, l'infantilisme est devenu une tendance de la civilisation.

01:12 Publié dans Psyché | Lien permanent

dimanche, 26 juin 2016

Puissance immergente

Il y a des puissances émergentes, mais il y a aussi des puissances immergentes. L’Europe est une puissance immergente.

00:44 Publié dans Civilisation | Lien permanent

dimanche, 12 juin 2016

Compassion et complaisance

On ne sait plus compatir sans être complaisant.

00:34 Publié dans Succédanés | Lien permanent | Tags : aphorismes

jeudi, 02 juin 2016

Psychologie de l'égalité

Derrière toute défense de l’égalité, il faut chercher l’inégalité particulière qui dérange.

00:24 Publié dans Politie | Lien permanent

mercredi, 25 mai 2016

Montherlant moraliste

Alternance, équivalence, syncrétisme, feinte et retrait : tels sont les principes du Montherlant moraliste. Autant dire qu’il n’est pas seulement un moraliste, mais aussi un sage, sinon un philosophe. Il n’y a point chez lui d’illusion lyrique ou de mysticisme de la contemplation ; il n’y a que de la lucidité, de la mesure et de l’indifférence. En cela, Montherlant est frère des grands esprits qu’il ne faut pas dire seulement réalistes : Montaigne, La Rochefoucauld, Nietzsche.

mardi, 24 mai 2016

Une impossibilité logique

Le réenchantement du monde par une philosophie matérialiste est une impossibilité logique.

00:09 Publié dans Philosophia | Lien permanent

jeudi, 12 mai 2016

Le grand malheur du XXIe siècle

Stendhal disait que le convenable était le grand malheur du XIXe siècle. On peut dire aujourd’hui que le correct est le grand malheur du XXIe siècle.

15:23 Publié dans Diplomatie | Lien permanent | Tags : stendhal

lundi, 11 avril 2016

Un dimanche à Giverny

Voilà un beau lieu gâté par le tourisme de masse. On y croise plus de consommateurs de culture que d’amateurs d’art. Dans le domaine de Monet, un hangar rempli de produits dérivés, des plus évidents aux plus invraisemblables, jouxte l’ancienne maison du maître. Une frénésie d’achats y saisit les touristes surtout originaires des pays anglophones ou du Japon. Autant l’intérêt des Japonais pour l’impressionnisme se comprend bien par le rôle qu’a joué la découverte de l’estampe japonaise dans la naissance de ce mouvement, autant celui des Anglo-Saxons se comprend moins bien, sinon par leur goût de la nature et leur dilection pour l’art paysagiste. Mais ne s’agit-il que de cela ? La popularité dont jouit l’impressionnisme vient moins des dispositions de certains peuples à aimer le style impressionniste qu’à l’accessibilité de celui-ci pour le plus grand nombre. En vérité, on peut aimer les impressionnistes sans aimer la peinture en général. Mieux ou pire, on peut admirer Monet, Manet ou Renoir sans connaître l’histoire de l’art. Et la raison tient aux motifs privilégiés par le mouvement impressionniste.

00:21 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent