lundi, 16 août 2021
Liaison et déliaison chez Bergman
Le Lien d’Ingmar Bergman est une belle histoire d’adultère qui met moins l’accent sur la triangulation de l’amour que sur l’opposition des sentiments, des caractères et des milieux. C’est par ce qui les oppose que les amants s’aiment et se désaiment alternativement avant de se séparer définitivement. Bergman montre bien ce qu’il y a à la fois d’irrésistible et d’impossible dans l’amour lorsqu’il est pulsionnel, passionnel, exclusif, sans considération d’intérêt ou de famille. On pourrait y voir un film moral dans le fond ; mais on peut aussi y voir une illustration de la vision réaliste, cruelle et conflictuelle qu’avait Bergman de l’amour. A noter également la petite ville hors du temps où se passe l’action du film, le choix de musiques minimalistes et intrigantes à la fois ou encore la scène finale, faite d’une succession de plans éloignés, qui clôt l’amour des amants.
23:22 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : bergman
vendredi, 27 avril 2018
Bergman vs Tarkovski
La dialectique qui se trouve au cœur de leurs œuvres respectives n’est pas la même : le duo ou le duel a la préférence de Bergman (comme au théâtre) tandis que le trio est privilégié par Tarkovski (comme sur le modèle de la trinité chrétienne). L’un met en scène des huis clos, des affrontements psychologiques, des accouchements de vérité dans la douleur ; l’autre, des intérieurs lumineux ou des paysages foisonnants, des images qu’on pourrait dire iconiques, des dialogues énigmatiques dont le sens est ouvert vers un au-delà. La métaphysique du premier est tout intérieure alors que celle du second est plus cosmique.
14:09 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : bergman, tarkovski
mercredi, 07 février 2018
Le Miracle de Persona
Persona est une sorte de miracle : ce film d'Ingmar Bergman (sorti en 1966) montre, à travers deux femmes opposées et pourtant fusionnelles par moments, le mal, le mal-être, la méchanceté, la souffrance, la vengeance et, au lieu d’être laid, effrayant ou répugnant, il est beau, fascinant et presque religieux. La lumière est religieuse, onirique, spectrale, et elle fait plus qu'adoucir la noirceur des sentiments ou des personnages ; elle transcende les visages, magnifie les paysages, réconcilie l’humanité avec le monde. A-t-on jamais vu un film qui soit à ce point cruel et sublime, terrible et merveilleux ? – En tout cas, rares sont les films qui présentent de tels contrastes.
12:18 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : bergman