vendredi, 20 janvier 2023
La fin d'une grammaire commune
L'écriture dite « inclusive » repose fondamentalement sur une confusion du sexe et du genre grammatical. Celle-ci est entretenue par l'usage du mot « genre » dans le sens de « gender » qui est un effet de l'américanisation des esprits et qui fait désormais de la langue un enjeu idéologique. Et avec l'idéologie (l'histoire du XXe siècle l'a montré), il n'est pas de limite à la manipulation des mots et à la déformation de la langue.
A la différence d'autres précédents historiques, l'écriture inclusive n'est certes que la forme transgressive d'une grammaire alternative, mais avec tout de même ce résultat paradoxal (pour la prétendue inclusion) et désastreux (en pratique) qui est la fin d'une grammaire commune. Lorsque l'idéologie s'empare de la langue, la grammaire devient folle.
10:30 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent
jeudi, 24 février 2022
Le ressort de la conquête
Une guerre de conquête naît généralement de la volonté de muer un insurmontable ressentiment en puissance impériale.
09:52 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent | Tags : sentences
mardi, 12 janvier 2021
Bacon ou la Peinture comme équarrissage
Francis Bacon est le peintre de la métamorphose, de la mutation des corps, de la transmutation des visages. De figurative, sa peinture se fait défigurative ou transfigurative. Ni surréaliste ni hyperréaliste, elle représente généralement un être déformé ou décharné selon une manière qui tient parfois de la radiographie (les portraits en transparence), mais qui, le plus souvent, se situe entre l’anatomie et le dépeçage.
En définitive, le monde selon Bacon est plus près de l’abattoir que du laboratoire, aussi effrayant parfois que la réalité de l’équarrissage, même si l’on n’y voit que des corps humains et non des carcasses d’animaux comme chez Soutine. Il touche par là au monstrueux plus qu’au merveilleux, à l’horrifique plus qu’au fantastique, et le spectateur indulgent cherche à en être fasciné, pour ne pas en être effrayé ou simplement dégoûté.
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mardi, 07 janvier 2020
La discrimination envers soi-même
La hantise de la discrimination pousse à la discrimination envers soi-même.
13:49 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent | Tags : sentences
mardi, 16 août 2016
Céline, épistolier rageur
Dans ses Lettres à la N.R.F., Céline se montre tour à tour plaintif, mordant, injurieux, grossier et vénal. Sa cible privilégiée est évidemment le patron de la maison Gallimard. A l'égard du vieux Gaston, il est incroyablement teigneux en raison de son âpreté au gain et de sa manie de la persécution. C'est que le goût du succès ou simplement le manque d'argent le rend impatient et le climat de l'après-guerre lui donne des raisons de se croire - au moins jusqu'à son retour d'exil - menacé. Pourtant, il a trouvé en Gallimard et, mieux encore, en Paulhan ou Nimier des soutiens et même de solides agents pour sa réhabilitation sociale et littéraire.
Malgré cela, loin d'aller à résipiscence, Céline persévère dans le péché et avec d'autant plus d'allégresse qu'il le sait constitutif de son génie. Ce que révèlent ou plutôt confirment les lettres adressées à la maison Gallimard, c'est le grand continuum du style et - pour une bonne part - de la pensée de Céline entre les romans, les pamphlets et la correspondance. Mais à la différence des pamphlets, il est ici drôle à force d’outrance, jusqu’à faire oublier ses évidentes mesquineries, et même inventif dans ses injures ou ses formules imagées, en dépit de ses obsessions biologisantes. Pour le lecteur qui laisse de côté ses pudeurs de jeune fille, la réjouissance l’emporte sur l'effarouchement ou la consternation.
23:09 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent | Tags : nimier
samedi, 24 avril 2010
L'insolent Bussy-Rabutin en son château
Un bel esprit a été le maître de ces lieux. Il a fait mieux que des livres, il a laissé des devises qui ornent aujourd’hui encore les murs de son château. Des devises illustrées dans le premier salon par de plaisantes images comme ce soleil qui n’éclaire pas ou ce cadran solaire qui tourne le dos au soleil. L’allusion à Louis XIV, qui exila Monsieur de Rabutin sur ses terres, est transparente ; mais le Roi-Soleil n’est pas sa cible unique.
Dans un autre salon, Monsieur de Turenne, qui le priva d’un bâton de maréchal, a droit à un demi-panneau quand les autres hommes de guerre représentés ont droit à un panneau entier. Dans le bureau en rotonde, Madame de La Baume qui fut la cause de son exil est parée, sous un portrait pourtant avantageux, du titre de meilleure maîtresse du royaume. Bref, d’une pièce à l’autre, le château est plein de ces insolences qui eussent pu coûter pis que l’exil intérieur à son auteur. Qu’y a-t-il manqué ? Une visite impromptue du Roi-Soleil.
01:17 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent | Tags : moralistes, bussy-rabutin
vendredi, 18 janvier 2008
L'abus d'amitié
Un ami a des droits sur nous, mais il suffit qu’il le sache pour en abuser.
00:32 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent | Tags : sentences
vendredi, 21 octobre 2005
Le vandalisme dans les têtes
L’iconoclasme est mal vu lorsqu’il s’attaque aux vieilles pierres et non aux grandes croyances. Mais qu’est-ce que la philosophie du soupçon sinon un vandalisme opéré dans les têtes ? C’est à cause de ce vandalisme-là qu’il n’y a plus que des vieilles pierres à protéger.
11:30 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent | Tags : nihilisme