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samedi, 02 décembre 2017

La Terreur et la Déroute

La Chevauchée des bannis d’André de Toth est un western de montagne en deux parties qui met en scène la terreur et la déroute : la terreur que fait régner une bande de malfaiteurs poursuivis par l’armée régulière dans un village enneigé faussement tranquille ; la déroute de ces malfaiteurs, qui, après avoir terrorisé les villageois, prennent le chemin de la montagne où, conduits malicieusement par l’homme fort du village, ils s’entretuent pour s’approprier la totalité de leur butin et finissent par se perdre.

La première partie du film est une sorte de huis clos où l’on sent bien l’oppression et la peur de mourir. La seconde partie ressemble à une longue marche de la mort, au cours de laquelle une nature implacable s’abat punitivement sur une humanité maléfique. Une belle œuvre morale à laquelle il manque peut-être – par moments – une certaine esthétisation des situations ou une meilleure mise en valeur des décors naturels.

02:14 Publié dans Kino | Lien permanent

samedi, 18 novembre 2017

Dans le Jardin du diable de Hathaway

Le Jardin du diable de Henry Hathaway s’ouvre comme un très classique récit d’aventures sur le débarquement d’Américains sans cause dans un pays étranger – le Mexique – et trouve son argument dans la mission que leur confie une femme de sauver son mari qui est coincé au fond d’une mine d’or. S’ensuit une longue expédition à cheval pleine d’espérances, où la tentation de la chair se mêle à l’appât du gain. Mais le film tourne à la fable morale lorsque la présence fantomatique des Apaches anéantit tout rêve d’enrichissement et transforme l’équipée des mercenaires en voyage retour de l’enfer – le jardin du diable.

La dernière réplique du film – dite par Gary Cooper dans une lumière crépusculaire – lui sert de morale : « Si le monde était fait d’or, les hommes mourraient pour une poignée de poussière. » Plus que l’intérêt du scénario, il faut souligner la force de la réalisation de Hathaway, avec une image en Technicolor dominée par une tonalité chromatique entre le bleu et le mauve. Tout au long du film, des plans larges donnent à voir des paysages de montagne absolument somptueux, qui forment la toile de fond d’une œuvre aussi admirable que passionnante.

01:55 Publié dans Kino | Lien permanent

jeudi, 31 août 2017

Chef d'orchestre ou compositeur

Un réalisateur qui ne fait pas tout ressemble plus à un chef d’orchestre qu’à un compositeur.

01:05 Publié dans Kino | Lien permanent

mercredi, 16 août 2017

Pasolini contre Agamben

Dans ses Ecrits corsaires, Pasolini a dit des choses plus actuelles et plus impérieuses - sur le retour du Mal, la dégradation physique du monde et les effets destructeurs de la société de la consommation - qu'Agamben n’en a écrit dans Homo Sacer - sur l’homme nu face à l’Etat, la normalisation de l’état d’exception ou encore le camp comme espace biopolitique le plus absolu. L'un a pensé contre son époque - qui est encore la nôtre - tandis que l'autre pense surtout à celle d'avant, qui fut marquée par le totalitarisme nazi et les camps de concentration.

Agamben passe pour un penseur capital de notre temps parce qu'il a cherché à prolonger ou enrichir - d'une manière d'ailleurs intéressante - aussi bien les concepts d'Arendt (sur le système totalitaire ou la condition de l'homme moderne) et de Schmitt (sur l'état d'exception) que ceux de Foucault et de Deleuze (sur la biopolitique) ; mais en vérité, il suit le courant d’une pensée post-soixante-huitarde qui n’a fait litière ni du discours anti-autoritaire ni de l’utopisme anti-étatique. Il est un savant exégète qui se croit en avance d’un monde alors qu’il est en retard de quelque pensée.

01:26 Publié dans Philosophia | Lien permanent | Tags : pasolini

jeudi, 06 juillet 2017

L'Adieu de Zweig au monde

Le film de Maria Schrader - Stefan Zweig, adieu l'Europe - donne à voir quatre moments de l’exil de l’écrivain, qui oscille entre détachement et nostalgie, ironie et mélancolie, jusqu’à l’épilogue universellement connu. Toute la subtilité du film est de montrer, derrière ces oscillations et malgré l’attachement à une nouvelle terre – le Brésil –, le lent et presque imperceptible effondrement de Zweig. Il se voit en creux ou fugitivement, dans un geste, un regard ou encore le reflet d’une vitre de voiture où passe un feu de broussailles comme une vision de la guerre lointaine.

On est agréablement surpris par la forme d’un film, qui, avec son sujet, avait tout pour tomber dans l’ordinaire ou le déjà vu. On retient de belles choses : le plan fixe de l’ouverture ou celui de l’épilogue, divisé en champ et contrechamp par le miroir d’une armoire, ou encore ce diptyque visuel où, dans un appartement new-yorkais, Zweig et son ex-femme semblent abattus sans se regarder. L’image d’un couple qui s’est défait dans un monde lui-même en train de se défaire et qui, pour cette raison même, ne peut se reformer.

01:18 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : zweig

dimanche, 18 juin 2017

Le Retour de Schlöndorff

Retour à Montauk ou comment rattraper le temps perdu. Tel pourrait être le sous-titre de ce film de Volker Schlöndorff qui met en scène un écrivain au double nom symbolique – Max Zorn cherchant à faire revivre un amour passé, lequel restera toutefois fantomatique. Ce qui aurait pu être ne sera jamais. Morale douce-amère d’une histoire qui pourrait avoir été empruntée à la vie de Max Frisch ou à celle de son ami, Schlöndorff lui-même. Mais il ne s’agit peut-être pas tant d’un film-testament que d’une œuvre de regret servant à sublimer des blessures secrètes ou des insatisfactions jamais surmontées. En tout cas, la forme est belle, lumineuse, d’un romantisme qui rappelle parfois celui de Caspar Friedrich (les images de bord de mer), et elle tranche avec la fadeur des derniers films de Schlöndorff.

01:14 Publié dans Kino | Lien permanent

vendredi, 28 avril 2017

L'intégralisme libéral

Le libéralisme intégral est le refuge de deux cynismes qui sont au fond un même indifférentisme social ou sociétal.

11:05 Publié dans Politie | Lien permanent | Tags : libéralisme

dimanche, 09 avril 2017

Pulsions ou comment De Palma réinterprète Hitchcock

S'il ne cesse de rendre hommage à Hitchcock dans ses films, Brian De Palma s'est essayé dans Pulsions (un de ses meilleurs films, sorti aux Etats-Unis en 1980) à une réinterprétation de deux scènes emblématiques de l'œuvre hitchcockienne.

1) La scène du musée rappelle celle de Vertigo, mais dans une version dilatée et déployée au gré de l’imagination de De Palma (retenir l’image d’une scène dépliée). Ainsi tourne-t-elle au jeu du chat et de la souris (avec l’appât du gant perdu) dans les salles d’art moderne et contemporain du musée, avant de prendre un autre tour, plus labyrinthique, de remontée dans le temps à travers les salles des collections classiques et renaissantes. Ce qui n’était qu’un jeu banal de la séduction devient alors une quête éperdue et angoissée du désir, comme si la femme cherchait à retrouver dans un passé symbolique l’espoir d’amour qu’elle a perdu. Cette quête, après un échec apparent, finira par aboutir un peu plus tard, mais pour le malheur de la femme.

2) La scène de la douche est conçue comme une reprise de celle de Psychose, non en la décalquant, mais en la décomposant pour mieux la recomposer. De Palma semble avoir voulu laisser une chance à la femme de se défendre (comparable à celle laissée au taureau dans une corrida), ce qui se manifeste chez elle par la recherche, ne serait-ce que du regard, d’une arme par destination. Elle croit l’avoir trouvée dans le rasoir rangé dans une armoire à glace qui répond à celui du tueur ; mais acculée ou condamnée, elle ne parvient pas à l’atteindre et n’échappe pas au fatal égorgement. Lequel est cependant suivi du réveil soudain de la femme, qui était donc la proie d’un cauchemar. Dans l’esprit du réalisateur, il s’agissait manifestement de se livrer à une décomposition-recomposition de la scène mythique de la douche, mais aussi à un jeu d’hypothèses quasiment abstrait, comme s’il avait voulu démontrer que la femme placée dans cette situation ne pouvait pas se sauver.

Par finir, que diraient aujourd’hui d’un tel film les tenants du « politiquement correct » ? On y voit tout de même une femme adultère punitivement lacérée de coups de rasoir et un tueur psychopathe sous les traits d’un psychiatre travesti, potentiellement transgenre. Ce film n’eût pas manqué de créer une polémique s’il était sorti de nos jours.

23:00 Publié dans Kino | Lien permanent

mercredi, 05 avril 2017

Hadot, exégète de Marc Aurèle

Dans La Citadelle intérieure, Pierre Hadot a le grand mérite de nous montrer toute la cohérence et même le système (avec ses dogmes ou principes fondamentaux et ses règles pratiques) que forment les pensées de Marc Aurèle. Il dégage les trois règles de vie auréliennes : agir avec justice, accepter avec sérénité les événements (qui ne dépendent pas de nous) et penser avec rectitude. Ces règles sont souvent associées et inlassablement répétées jusqu’à parfois la quasi-littéralité. La répétition révèle précisément le sens même de l’écriture qui est un exercice spirituel.

Marc Aurèle écrit pour actualiser ou réactualiser, dans le sens de réactiver, sa philosophie. C’est l’écriture qui permet de la garder vivante sans la laisser mourir dans des mots déjà consignés. Elle devient ainsi philosophie active, même si elle n’est conçue que pour soi-même. Et le souci de la forme que traduit la formulation de certaines sentences n’est que celui de l’efficacité : ce qui s’énonce bien se retient plus aisément.

01:06 Publié dans Philosophia | Lien permanent | Tags : marc aurèle, stoïcisme

lundi, 20 février 2017

Le miroir du ressentiment

Le ressentiment que l’on nourrit chez un autre, on finit par l’éprouver soi-même comme par l’effet réfléchissant d’un miroir.

12:04 Publié dans Psyché | Lien permanent