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samedi, 23 juillet 2022

Le Jour dit d'Alain Leroy

Le 23 juillet est le jour d’un suicide connu de quelques cinéphiles et amateurs de littérature. En vérité, il s’agit surtout de cinéphiles puisque cette date n’apparaît pas dans le roman dont le film est l’adaptation et où seul est indiqué le mois de novembre (c'est une "belle nuit de novembre" qui précède le matin du suicide). Le film porte le même titre que le roman (Le Feu follet), mais le personnage d’Alain est affublé du patronyme de Leroy qu’il n’a pas dans le livre comme pour souligner qu'il fut, avant la cure de désintoxication, un roi de la nuit. La date du 23 juillet est écrite au feutre sur le miroir de la chambre d'Alain et entouré d’un cercle comme pour marquer la détermination de celui-ci à mourir à cette date. A la force du livre de Drieu La Rochelle vient s’ajouter la grâce d’un film qui doit autant à la réalisation en clair-obscur de Louis Malle et au jeu criant de vérité de Maurice Ronet qu’à la musique mélancoliquement insolite de Satie.

20:40 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : mélancolie, drieu, satie

mercredi, 14 juillet 2010

Blèche ou le roman de l'imposture bourgeoise

Drieu La Rochelle est de ces écrivains qui sont parvenus à faire de leur sensibilité bourgeoise une littérature des mauvais sentiments. Blèche, paru en 1928, appartient à la catégorie de ses romans - comprenant également Drôle de voyage ou Rêveuse bourgeoisie - où il n'y a d'autre intrigue que sentimentale ou psychologique, sans considération politique apparente. Drieu part d’un fait domestique pour atteindre à la vérité profonde d’un personnage, d’un milieu et d’une époque. L’analyse des sentiments à laquelle il se livre, et qui sans doute doit beaucoup à la connaissance de son propre moi, est digne de Benjamin Constant ou de Xavier de Maistre. Et c’est avec la même acuité du regard qu’il s'attache à cerner l’esprit des années 1920 marqué par des idées et des tentations nouvelles, annonciatrices de la décennie suivante.

Le Blaquans de Drieu qui est un écrivain catholique sans la foi en Dieu, et qui n’est pas sans rappeler le Cénabre de Bernanos dans L’Imposture, porte en lui une singularité morale et une universalité propre à la condition de l’homme moderne. Il est un imposteur qui a choisi la religion pour vivre bourgeoisement et un solitaire pourtant marié qu’attirent érotiquement la foule de la grande ville comme les femmes à son service. Le vol dont il est la victime l’accuse et le révèle à lui-même dans sa dualité, laquelle a pour cause unique une faiblesse de caractère, une mollesse cachée, une irrésolution foncière. Des traits qui caractérisent souvent les personnages de Drieu et dont il ne faut pas s'étonner qu'ils soient aussi les siens.

11:42 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : drieu, bernanos