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vendredi, 11 février 2022

Le Règne du divertissement

L'article sur le divertissement est à lire sur le site de la revue Mission.

https://www.revuemission.fr/articles/le-regne-du-divertis...

01:32 Publié dans Divertissement | Lien permanent | Tags : pascal, arendt

dimanche, 30 janvier 2022

Ce qu'un acronyme dit et ne dit pas

Les établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes (EHPAD) sont des mouroirs qui ne disent pas leur nom. Ce sont des lieux où la fin de vie est institutionnellement organisée au double avantage des familles délaisseuses et des profiteurs de la misère de l’âge. Il existe plus qu’un contrat tacite entre les unes et les autres pour éloigner les vieillards égrotants ou cacochymes de la vue des plus vaillants. On parlera d’individualisme ou d’égoïsme, mais il faut aussi parler de la faillite de la famille.

Les liens entre les générations se sont dissous sous l’effet cumulatif du déclin de la culture religieuse, de la libéralisation des mœurs et de l’émancipation féminine. Pis encore, le temps de la famille a été grignoté et finalement préempté par le travail, la consommation et les loisirs. La famille s’est d’abord amoindrie, rétrécie, avant d’éclater, malgré ses fausses recompositions diverses et variées. Les personnes âgées ont été expulsées du cercle familial, puis reléguées, isolées dans les antichambres de la mort qui se sont appelées successivement asiles, maisons de repos et désormais établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes. Autant de mots pour cacher la terrible réalité d’une réclusion de fin de vie.

13:04 Publié dans Civilisation | Lien permanent | Tags : décivilisation

dimanche, 16 janvier 2022

Du réenracinement au redressement : un hommage à Simone Weil

L’Enracinement de Simone Weil publié posthumément grâce à Camus en 1949 est un grand texte, riche, historique et philosophique. Plus encore que L’Etrange Défaite de Marc Bloch, car le point de vue qu'y développe la philosophe est ample, ambitieux et même pratique. C’est le remède après le diagnostic, mais avec une médecine qui tient autant de l’analyse de la psyché collective que du programme de redressement physique du pays.

Au commencement, il y a un mal très profond, plus profond que les circonstances historiques immédiates : le déracinement. Il est de trois ordres (ouvrier, paysan et national) et a deux causes principales (la dissolution des corps intermédiaires et la modernité technicienne). Il convient par conséquent de réenraciner ce qui a été coupé de ses racines essentielles. L'idée de patrie est réhabilitée et définie selon une conception participative : « Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. »

Le point de vue de Weil est à la fois vitaliste et chrétien, plus proche de la mystique que du dogme, mais aussi anti-romain, anti-machiavélien et antimatérialiste. Elle dénonce tour à tour le modèle totalitaire romain, la politique de Richelieu, la recherche de l’intérêt contre le bien ou encore la grandeur identifiée à la force. Elle entend faire revivre les notions de devoir et d'honneur, mais également un esprit de vérité, de justice et d'amour, par la réconciliation entre la science et la religion, la subordination de la force à la justice et la réhumanisation du travail, dont la nature spirituelle doit être reconnue.

Le programme de Weil s’adresse à l’âme autant qu’au corps de la nation. Il s’agit de ranimer une France naufragée dans le monde moderne, de lui insuffler le grand esprit pour la sauver du péril techniciste. Si le spiritualisme de la philosophe pourtant venu du marxisme peut paraître désuet, son anti-technicisme qui se veut libérateur rejoint celui des meilleurs philosophes de son temps comme du nôtre. Il est une inspiration pour nous ici et maintenant.

10:47 Publié dans Philosophia | Lien permanent | Tags : weil, camus

samedi, 01 janvier 2022

Bernanos l'antimoderne

L'article sur Bernanos est à lire sur le site de la revue Mission.

https://www.revuemission.fr/articles/bernanos-lantimoderne/

01:40 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : bernanos, péguy, weil

Le Souterrain de Dostoïevski ou l'en deçà du bien et du mal

L'article sur le souterrain de Dostoïevski est à lire sur le site de la revue Mission.

https://www.revuemission.fr/articles/le-souterrain-de-dos...

01:35 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : nietzsche, dostoïevski

jeudi, 16 décembre 2021

Myopie contemporaine

La conjoncture prend toute la place qui devrait être celle de la perspective. Cette situation vient notamment de ce que certains concepts qui permettraient de penser le monde contemporain sont mis de côté au profit de deux visions présentistes et faussement antagonistes : l’économisme et le sociologisme. Il y a bien aussi l’écologisme qui à sa manière est un perspectivisme ; mais celui-ci demeure insuffisant pour appréhender complètement le devenir des civilisations. Ainsi ne voit-on pas toute la portée historique ou métahistorique de certains phénomènes parce qu’on s’interdit de les interpréter à la lumière de concepts inactuels (divertissement, décadence, vitalité, volonté de puissance, ressentiment).

15:08 Publié dans Civilisation | Lien permanent | Tags : pascal, nietzsche, spengler, valéry

mardi, 23 novembre 2021

La sagesse de Malraux

Toute la sagesse de Malraux se trouve peut-être dans le regard apaisé de Gisors à la fin de La Condition humaine. Réfugié au Japon, le vieux Gisors, que la mort de son fils a métamorphosé et qui a décidé de ne pas suivre sa bru à Moscou, contemple tout en fumant les tumultes de la vie moderne avec détachement. Belle image poétique que celle de la fumée d'opium qui s'échappe de sa pipe et s'élève vers un ciel traversé par des nuages, auxquels il associe tous les êtres morts qu'il a connus. L'idée de révolution s'évanouit ainsi dans cette unité du monde retrouvée au pays du soleil levant par la grâce du bouddhisme zen.

14:47 Publié dans Sophia | Lien permanent | Tags : malraux

samedi, 16 octobre 2021

Un principe menacé

Le mouvement pour l'égalité des droits, notamment entre les sexes, s'est mué en un combat socio-culturel qui se situe au-delà de la question des droits. La passion égalitaire, qui se nourrit à la fois du ressentiment et de la mauvaise conscience, ne peut se suffire de la raison du droit. C'est pourquoi elle s'attaque désormais aux sexes eux-mêmes en remettant en cause jusqu'à leur existence. Et la suite logique de cette offensive sera la remise en question de certains principes juridiques ou politiques qui paraissaient acquis au nom d'une nouvelle conception de l'humanité, tout à la fois débinarisée, déspécisée et débiologisée. Avec la montée de la transsexualité et la reconnaissance déjà en marche d'un "sexe neutre", le modèle de représentation paritaire ne manquera pas d'être sur la sellette un jour ou l'autre. Autant dire que, loin d'être un principe pérenne, la parité pourrait bien n'être qu'un principe de transition.

01:19 Publié dans Masculin/Féminin | Lien permanent | Tags : parité

jeudi, 23 septembre 2021

Un nouveau stade de la déconstruction

Après la déconstruction des idées, voici venu le temps de la déconstruction des hommes. De bons esprits progressistes considèrent que les mâles doivent être déconstruits, c’est-à-dire dépouillés des derniers oripeaux de la domination masculine. Il faut mesurer le chemin parcouru par l’idéologie progressiste en moins d’un siècle : le modèle de l’homme nouveau est passé d’une manière de surhomme productif – personnifié par Stakhanov – à un mâle diminué pour le bien des femmes et de l’environnement. Pour les nouveaux progressistes, l’espérance ne réside plus dans l’émancipation de l’humanité, mais dans la diminution de la part de virilité en l’homme. C'est la condition pour que la domination disparaisse – ou simplement pour qu'elle change de mains. 

lundi, 16 août 2021

Liaison et déliaison chez Bergman

Le Lien d’Ingmar Bergman est une belle histoire d’adultère qui met moins l’accent sur la triangulation de l’amour que sur l’opposition des sentiments, des caractères et des milieux. C’est par ce qui les oppose que les amants s’aiment et se désaiment alternativement avant de se séparer définitivement. Bergman montre bien ce qu’il y a à la fois d’irrésistible et d’impossible dans l’amour lorsqu’il est pulsionnel, passionnel, exclusif, sans considération d’intérêt ou de famille. On pourrait y voir un film moral dans le fond ; mais on peut aussi y voir une illustration de la vision réaliste, cruelle et conflictuelle qu’avait Bergman de l’amour. A noter également la petite ville hors du temps où se passe l’action du film, le choix de musiques minimalistes et intrigantes à la fois ou encore la scène finale, faite d’une succession de plans éloignés, qui clôt l’amour des amants.

23:22 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : bergman