dimanche, 07 avril 2019
Du bel orientalisme à Marmottan
Tout commence par Ingres et sa Petite baigneuse qui donne le la de l’exposition, puisque s’y trouvent réunis tous les éléments d’un orientalisme intérieur : sensualité, enfermement et mystère ; mais on voit un demi-siècle plus tard le chemin qu’a parcouru cet orientalisme à travers Le Massage, scène de hammam d’Edouard Debas-Ponsan où les trois éléments se fondent dans la représentation d’un fantasme sexuel (une femme nue allongée sur le ventre est massée par une Nubienne aux seins nus).
Mais il est un autre orientalisme, extérieur cette fois, qui se caractérise par le désert, la désolation et la lumière, dont l’un des peintres les plus remarquables est Eugène Fromentin, comme dans sa Rue Bab-el-Gharbi à Laghouat où des personnages allongés à l’ombre d’une grande lumière font penser à des corps au repos aussi bien qu’à des cadavres après un massacre.
Deux orientalismes s’opposent ainsi, l’un centré sur la figure, l’autre sur le paysage, tendus respectivement vers la géométrie et la lumière. Pourtant, les deux orientalismes finissent par se rejoindre en suivant la voie de la liberté ou de la simplification des formes dans une sorte de pré-abstraction, comme dans Oriental de Kandinsky, qui est un bel assemblage de couleurs, ou Minaret à Sidi Bou Saïd de Marquet, où le bord de mer devient une réalité à deux dimensions. L’Orient qui était un autre monde n’est plus qu’un objet comme un autre pour un Occident reconstructeur ou déconstructeur de formes.
11:08 Publié dans Beaux-arts | Lien permanent | Tags : histoire de l'art
mardi, 05 février 2019
La force salvatrice du désir
La force du désir nous sauve des niaiseries de l’amour.
11:20 Publié dans Eros | Lien permanent | Tags : sentences
vendredi, 01 février 2019
Une plus grande étendue de l'être
Séduction rime avec extension. Les artifices de la séduction ne sont qu’embellissement de l’ordinaire, allongement des lignes, amplification des formes. Ils sont faits pour entretenir l’illusion d’une plus grande étendue de l’être.
13:10 Publié dans Eros | Lien permanent
vendredi, 18 janvier 2019
Une terreur virtuelle
On ne vit pas seulement une transition historique, mais aussi une révolution qui n’a peut-être pas de précédent dans l’Histoire parce qu’elle se fait au moyen d’une terreur virtuelle.
16:12 Publié dans Civilisation | Lien permanent
jeudi, 15 novembre 2018
Un nouveau Moyen Age musical
Il existe une correspondance entre la forme de la musique et la conception du temps. Ainsi la forme répétitive de la musique médiévale répondait-elle à une conception cyclique du temps, notamment assise sur le cycle des saisons et sur ceux de la liturgie chrétienne. En revanche, la musique répétitive contemporaine paraît à contretemps d’une conception linéaire du temps, liée non pas à l'idée du Salut mais à celle du Progrès, à moins de la regarder comme symbolique d’une crise de la modernité. En ce cas, on pourrait parler d’un nouveau Moyen Age musical.
14:24 Publié dans Clef de sol | Lien permanent
vendredi, 28 septembre 2018
De la misanthropie comme droit de l'homme
La misanthropie devrait être reconnue comme un droit de l’homme avant qu’il ne soit trop tard.
10:19 Publié dans Divertissement | Lien permanent
vendredi, 31 août 2018
La Solitude des femmes entre elles
Femmes entre elles : le titre est édulcoré en comparaison de celui de la nouvelle de Pavese (Entre femmes seules) dont le film d'Antonioni - sorti en 1955 - est l’adaptation. Derrière la frivolité qu’il annonce, il y a un drame, une tragédie même. Tout commence par une tentative de suicide qui sème le trouble, mais à peine, le temps pour un groupe d’amies d’en faire le reproche à celle qui en est à l’origine. Puis, la légèreté reprend son cours, entre flirt et infidélité. Mais la gravité travaille en souterrain : l’interrogation demeure, l’inquiétude aussi, et surtout la difficulté de vivre. Elle est commune à tous les personnages, de Clelia l’ambitieuse à Rosetta la suicidaire, en passant par Momina la volage, Nene la généreuse, Lorenzo le raté ou encore Cesare le coureur. Chacun éprouve à sa façon la solitude intérieure, l’incommunicabilité avec les autres et l’impossibilité de l’amour. Et s’il n’y a qu’une femme qui tombe au bout du compte, c’est que les autres s’agrippent à quelque chose ou choisissent de fuir.
23:06 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : antonioni, pavese
mardi, 28 août 2018
Basse politique
Beaucoup de faits politiques se situent en dessous du simple fait divers.
10:44 Publié dans Politie | Lien permanent
dimanche, 05 août 2018
Le Goût d'Ozu
Le Goût du saké montre la résolution à contrecœur d’un père veuf qui pousse sa fille à se marier pour qu’elle ne devienne pas une vieille fille. Il y a dans ce dernier film d’Ozu sorti en 1962 un concentré de toute son œuvre, de son style poétique et géométrique à la fois (caractérisé par une succession de plans fixes, centrés ou parfois décentrés), de son regard doux-amer sur un Japon traditionnel qui disparaît (entre la réduction de la famille étendue et le développement de la société de consommation). Ozu a su être le cinéaste de la transition historique du Japon d’après-guerre avec des principes formels tendant à l’intemporalité artistique. C’est dans cette dualité que réside la grandeur du réalisateur de Voyage à Tokyo.
La matrice de son œuvre est dans ses carnets, où il se révèle philosophe autant qu’artiste. On y trouve cette excellente maxime : « Pour les choses qui n’en valent pas la peine, suivre la mode. Pour les choses importantes, suivre la morale. Pour l’art, ne suivre que soi. » Il y a chez lui du moraliste tranquille, du nationaliste résigné ou du conservateur ironique, l’ironie étant une forme sublimée de la résignation. Et au bout de cela, il y a une philosophie du vide que symbolise le « rien » qui figure sur sa tombe. On peut y voir une ultime ironie ou la négation de toute forme d'espérance. Ozu, que l’on croit seulement cinéaste, est un maître de sagesse.
01:52 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : ozu
mardi, 31 juillet 2018
Laura nue : le film antonionien de Nicolò Ferrari
Le sujet de Laura nue est le mal d'amour d’une jeune mariée de vingt ans dans la Vérone du début des années 1960. Ce film en noir et blanc assez dépouillé dans la forme, tout en gros plans, avec un fond de musique mélancolique, s’inscrit dans une veine très antonionienne. Le mal de vivre, l’impossibilité d’aimer ou d’être heureux, l’incommunicabilité entre les êtres sont les thèmes profonds d’une œuvre qui témoigne d’une époque (le creux ou le contrecoup du miracle économique italien) et qui ne serait peut-être pas passée inaperçue sans les films contemporains – et plastiquement plus remarquables – d’Antonioni.
22:38 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : antonioni, mélancolie