mercredi, 31 juillet 2019
Jean-Jacques Henner en son musée parisien
Un hôtel particulier construit dans le style Louis XIII au XIXe siècle abrite les principales œuvres de ce peintre d’origine alsacienne qu’on peut qualifier de symboliste par défaut. Du symbolisme, il y a bien dans son œuvre : des postures de femmes le plus souvent seules et nues symbolisent des personnages ou des scènes mythologiques. Mieux encore, c’est la femme qui est sacralisée dans le plus simple appareil selon un système de représentation associant une bichromie (la blancheur nacrée des chairs et la rousseur incandescente des cheveux) à un tremblé produisant une impression de flou.
Sans doute y a-t-il un abus du flou dans certains cas (voir Eglogue) ; mais il faut imaginer que le peintre l’a conçu comme un discret camouflage de la nudité (voir Le Rêve ou Nymphe endormie) et peut-être aussi comme une manière de rendre le trouble de la perception. Ce serait alors la concession à la modernité d’un artiste passé par Rome selon les usages les plus classiques et qui a trouvé une bonne partie de son inspiration dans la grande peinture italienne. Il reste que les nus de Henner, tout en s’inscrivant dans la tradition des Vénitiens, méritent pour certains d’entre eux (La Liseuse notamment) d’être regardés – positivement – comme des érotiques.
08:52 Publié dans Beaux-arts | Lien permanent
jeudi, 27 juin 2019
A propos du charme de Modiano
Modiano charme par son rapport au temps, fait de nostalgie et de regret, qui, nonobstant la question de la double identité, est plus universel que particulier dans le fond. L’origine de son succès et même de son statut – certes pas usurpé, mais quelque peu gonflé – de classique contemporain ne s’explique pas autrement. D’autant que sa sensibilité délicate et névrotique à la fois s’exprime dans un style simple, presque naïf, pour ne pas dire sans relief, au contraire de celui de Balzac ou de Proust, qui ont donné de plus belles pages sur l’irréversibilité ou la fuite du temps.
13:47 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : modiano, balzac, proust
dimanche, 26 mai 2019
Ce qu'est devenue la démocratie chrétienne
Les vieux démocrates-chrétiens sont devenus des libéraux sociétaux. Ils ont remplacé l'eau bénite par le spritz.
15:02 Publié dans Politie | Lien permanent
dimanche, 07 avril 2019
Du bel orientalisme à Marmottan
Tout commence par Ingres et sa Petite baigneuse qui donne le la de l’exposition, puisque s’y trouvent réunis tous les éléments d’un orientalisme intérieur : sensualité, enfermement et mystère ; mais on voit un demi-siècle plus tard le chemin qu’a parcouru cet orientalisme à travers Le Massage, scène de hammam d’Edouard Debas-Ponsan où les trois éléments se fondent dans la représentation d’un fantasme sexuel (une femme nue allongée sur le ventre est massée par une Nubienne aux seins nus).
Mais il est un autre orientalisme, extérieur cette fois, qui se caractérise par le désert, la désolation et la lumière, dont l’un des peintres les plus remarquables est Eugène Fromentin, comme dans sa Rue Bab-el-Gharbi à Laghouat où des personnages allongés à l’ombre d’une grande lumière font penser à des corps au repos aussi bien qu’à des cadavres après un massacre.
Deux orientalismes s’opposent ainsi, l’un centré sur la figure, l’autre sur le paysage, tendus respectivement vers la géométrie et la lumière. Pourtant, les deux orientalismes finissent par se rejoindre en suivant la voie de la liberté ou de la simplification des formes dans une sorte de pré-abstraction, comme dans Oriental de Kandinsky, qui est un bel assemblage de couleurs, ou Minaret à Sidi Bou Saïd de Marquet, où le bord de mer devient une réalité à deux dimensions. L’Orient qui était un autre monde n’est plus qu’un objet comme un autre pour un Occident reconstructeur ou déconstructeur de formes.
11:08 Publié dans Beaux-arts | Lien permanent | Tags : histoire de l'art
mardi, 05 février 2019
La force salvatrice du désir
La force du désir nous sauve des niaiseries de l’amour.
11:20 Publié dans Eros | Lien permanent | Tags : sentences
vendredi, 01 février 2019
Une plus grande étendue de l'être
Séduction rime avec extension. Les artifices de la séduction ne sont qu’embellissement de l’ordinaire, allongement des lignes, amplification des formes. Ils sont faits pour entretenir l’illusion d’une plus grande étendue de l’être.
13:10 Publié dans Eros | Lien permanent
vendredi, 18 janvier 2019
Une terreur virtuelle
On ne vit pas seulement une transition historique, mais aussi une révolution qui n’a peut-être pas de précédent dans l’Histoire parce qu’elle se fait au moyen d’une terreur virtuelle.
16:12 Publié dans Politie | Lien permanent
jeudi, 15 novembre 2018
Un nouveau Moyen Age musical
Il existe une correspondance entre la forme de la musique et la conception du temps. Ainsi la forme répétitive de la musique médiévale répondait-elle à une conception cyclique du temps, notamment assise sur le cycle des saisons et sur ceux de la liturgie chrétienne. En revanche, la musique répétitive contemporaine paraît à contretemps d’une conception linéaire du temps, liée non pas à l'idée du Salut mais à celle du Progrès, à moins de la regarder comme symbolique d’une crise de la modernité. En ce cas, on pourrait parler d’un nouveau Moyen Age musical.
14:24 Publié dans Clef de sol | Lien permanent
vendredi, 28 septembre 2018
De la misanthropie comme droit de l'homme
La misanthropie devrait être reconnue comme un droit de l’homme avant qu’il ne soit trop tard.
10:19 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent
vendredi, 31 août 2018
La Solitude des femmes entre elles
Femmes entre elles : le titre est édulcoré en comparaison de celui de la nouvelle de Pavese (Entre femmes seules) dont le film d'Antonioni - sorti en 1955 - est l’adaptation. Derrière la frivolité qu’il annonce, il y a un drame, une tragédie même. Tout commence par une tentative de suicide qui sème le trouble, mais à peine, le temps pour un groupe d’amies d’en faire le reproche à celle qui en est à l’origine. Puis, la légèreté reprend son cours, entre flirt et infidélité. Mais la gravité travaille en souterrain : l’interrogation demeure, l’inquiétude aussi, et surtout la difficulté de vivre. Elle est commune à tous les personnages, de Clelia l’ambitieuse à Rosetta la suicidaire, en passant par Momina la volage, Nene la généreuse, Lorenzo le raté ou encore Cesare le coureur. Chacun éprouve à sa façon la solitude intérieure, l’incommunicabilité avec les autres et l’impossibilité de l’amour. Et s’il n’y a qu’une femme qui tombe au bout du compte, c’est que les autres s’agrippent à quelque chose ou choisissent de fuir.
23:06 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : antonioni, pavese, existentialisme