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dimanche, 18 août 2024

Le Samouraï de Melville : un film religieux sans Dieu

Le Samouraï qui peut être vu comme le chef-d'œuvre de Jean-Pierre Melville – est bien plus qu’un film policier ; c’est un film religieux, sacré ou sacral, où tout est rituel et cérémonial jusqu’à la fin sacrificielle du héros, qui tient du martyr autant que de l’antihéros. Chaque image est une icône, chaque plan une prière et chaque scène une cérémonie. C’est le film le plus religieux qui soit, où pourtant il n’est jamais question de religion, ni même de Dieu.

10:31 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : melville

samedi, 01 juin 2024

Camus ou la Morale de la révolte

L'article sur la morale de Camus est à lire sur le site de la revue Le Contemporain.

https://www.lecontemporain.net/2024/06/camus-ou-la-morale...

14:02 Publié dans Philosophia | Lien permanent | Tags : camus, nietzsche, montaigne, chamfort

mardi, 26 mars 2024

La Mort d'un forgeron : Richard Serra

Artiste ou entrepreneur d'art ? A peine disparu et déjà pleuré par de faux amateurs d’art qui voient en lui un grand sculpteur du métal. Il n’y a pourtant pas de quoi s’extasier devant des réalisations qui consistent – pour l’essentiel – en d’immenses plaques ou rouleaux de métal nu, de couleur rouille, au milieu desquels il n’est permis de circuler qu’avec admiration comme aux jardins des Tuileries. Si un nouveau volume des Modernes (le livre de Jean-Paul Aron) était à écrire, Serra pourrait y figurer en bonne place aux côtés de Christo et de Louise Bourgeois.

12:35 Publié dans Jeu de massacre | Lien permanent

jeudi, 18 janvier 2024

Montesquieu et ses pensées pour lui-même

Le 18 janvier est le double anniversaire de la naissance de Montesquieu en 1689 et de l’ouverture des archives du château de La Brède en 1889. Celle-ci fut suivie de la première publication de ses « pensées » dans une version in extenso. Seules quelques-unes d’entre elles avaient été publiées jusqu’alors sous la forme de plaquette ou de variétés.

Dans l’esprit de l’auteur, ce recueil intitulé Mes pensées n’était pas destiné à une publication, à la différence d’un autre publié de son vivant sous le titre du Spicilège (qui se présente surtout comme une suite de notes encyclopédiques).

Contrairement aux Pensées de Pascal, celles de Montesquieu n’ont pas été consignées en vue de la composition d’un ouvrage en particulier, mais comme une réserve d’idées gardées « pour y penser dans l’occasion » ou une bibliothèque d’idées à l’usage de soi.

On y retrouve toutefois l’esprit ou même les idées qui ordonnent toutes les œuvres du philosophe et qui se résument en une seule, héritée d’Aristote : le rapport entre les choses. La vertu, la liberté ou encore le despotisme doivent être toujours évalués dans une mise en relation, car l’homme est essentiellement un animal social.

Montesquieu formule aussi des pensées qui auraient mérité d’être développées ailleurs comme celle sur l’agrandissement de la capitale d’un Etat qu’il associe au despotisme, faisant de lui un tenant du girondisme politique avant la lettre. Mais c’est surtout par le recours à la forme aphoristique que l’auteur de Mes pensées se distingue de celui du traité juridico-politique qu’est De l’esprit des lois.

Il commence par reprocher aux auteurs moraux d’être outrés et de ne parler qu’à un entendement pur, avant de voir en La Rochefoucauld un maître en qualifiant ses maximes de « proverbes des gens d’esprit ». Mieux encore, il adopte l’esprit des moralistes en considérant que la philosophie et un certain bon sens « ont gagné trop de terrain en ce siècle-ci pour que l’héroïsme y trouve désormais une bonne fortune. » D’où la décadence de l’admiration qu’il constate également.

Il reconnaît comme il le ferait d’un péché qu’ « un des grands délices de l’esprit des hommes est de faire des propositions générales », après avoir critiqué les livres qui sont « un amas de propositions générales presque toutes fausses », et compose à son tour de belles sentences morales (ainsi par exemple : « L’argent est très estimable lorsqu’on le méprise. »).

Quant à la philosophie, il semble répondre non sans ironie à Montaigne qu’il faudrait surtout l’étudier pour apprendre à dormir. Mais lorsqu’il renonce à l’ironie, il sait aussi philosopher à la manière de l’auteur des Essais : « Je n’ai que deux affaires, l’une de savoir être malade, l’autre de savoir mourir. »

Rien que pour celles sur la sagesse ou la mort qui ne se trouvent dans aucune autre de ses œuvres, les Pensées de Montesquieu méritent d’être lues, méditées et saluées.

mercredi, 10 janvier 2024

La Raison et l'Illusion

Il y a la raison contre l'illusion, mais il y a aussi l'illusion de la raison. Condorcet pensait que tous les problèmes de l'humanité pouvaient se résoudre par la raison et l'arithmétique. La Révolution, avec le déchaînement des passions qu'elle a entraîné au nom de la raison (ou d'une raison dévoyée), est venue lui apporter un cruel démenti. L'irréductibilité des passions humaines est le noyau dur de la politique.

11:17 Publié dans Politie | Lien permanent

lundi, 18 décembre 2023

La Perfection des jours selon Wenders

L’histoire de Perfect Days est merveilleusement simple, presque saugrenue : au cœur de Tokyo, un homme mûr et solitaire écoute de la musique, lit de la poésie et photographie des arbres, lorsqu’il ne récure pas des toilettes publiques. La nuit, il fait des rêves nébuleux et nostalgiques. Sa vie est en tous points réglée, ritualisée comme celle d’un moine ou d’un oblat appartenant à une communauté invisible.

Loin d’ennuyer, ce film réalisé avec finesse amuse, émeut et enchante. Mieux : il édifie. Il montre que le bonheur se suffit des choses les plus simples jusque dans leur répétition quotidienne. Tout est une question de rite, sans même que la foi soit nécessaire. L’esprit d’Ozu, si cher à Wenders, n’est pas très loin.

10:16 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : ozu, wenders

mercredi, 01 novembre 2023

L'Au-delà de la peinture de Nicolas de Staël

Une exposition consacrée à Nicolas de Staël, au musée d'Art moderne de la ville de Paris, permet de prendre toute la mesure de l'artiste à travers ses inspirations et ses recherches successives. Tout n’est certes pas égal ou génial dans son œuvre (nombre de tableaux sont d’un déconstructivisme ou d'un minimalisme déconcertant) ; mais il y a la quête continue et comme éperdue d’une forme épurée de la peinture, débarrassée des écoles, des catégories ou des courants antagonistes.

Parmi les différentes périodes du peintre, on peut retenir trois séries tout à fait remarquables : celle sur la côte normande où l’abstraction se confond déjà avec la figuration ; celle sur la Sicile où les couleurs éclatent d’une manière prodigieuse ; celle sur la Provence où le découpage du paysage jusqu'à son point de fuite atteint une forme de perfection. Bien qu’elle tende à l’abstraction, la peinture de Nicolas de Staël trouve dans la représentation de la réalité ou même le genre paysagiste sa plus belle expression.

L'idée du fil du rasoir pourrait convenir à Nicolas de Staël pour caractériser l'entre-deux de sa peinture, toujours entre l'abstraction et la figuration, mais aussi cette manière particulière qu'il a de découper la réalité comme s'il procédait à des collages de formes et de couleurs. En vérité, ce qui paraît relever de la composition ou de la décomposition est plus près de la vision, de la perception extrasensorielle ou de l'intuition fondamentale, comme s'il y avait chez lui un au-delà de la peinture.

01:13 Publié dans Beaux-arts | Lien permanent | Tags : nicolas de staël

mercredi, 04 octobre 2023

L'Eternel Retour du même à Marienbad

L’Année dernière à Marienbad fascine comme une énigme. Le film d'Alain Resnais est construit comme un roman de Robbe-Grillet, avec une temporalité circulaire qui tourne autour d'un point fixe du passé, aussi incertain que lancinant. C'est cette lancinance qui, au lieu de lasser, capte et même capture le spectateur, saisi qu'il est par une impression d'éternel retour du même dans le décor labyrinthique et néanmoins somptueux d'un château baroque sur fond de musique d'orgue. Le doute l'envahit comme il s'empare des deux personnages principaux du film qui ne savent pas s'ils ont vécu ou rêvé une liaison l'année précédente à Marienbad ; mais l'emporte pour le spectateur une expérience visuelle unique qui s’accompagne d’un questionnement métaphysique sur la mémoire, le temps et une éternité possible.

00:52 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : resnais

mercredi, 23 août 2023

Le doute, entre folie et sagesse

Un entretien avec la revue Le Contemporain au sujet d'Un doute sans vertige n'est qu'un exercice spirituel est à lire sur le site de cette revue.

https://www.lecontemporain.net/2023/08/gilles-sicart-le-d...

vendredi, 30 juin 2023

Le Testament de Melville

Un flic est le film-testament de Jean-Pierre Melville, avec tous les éléments qui caractérisent son style et son univers : le mystère, le mot rare, les silences. Il n'y a pas que des histoires d'hommes, il y a de la métaphysique chez Melville.

11:46 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : melville