samedi, 01 juin 2024
Camus ou la Morale de la révolte
L'article sur la morale de Camus est à lire sur le site de la revue Le Contemporain.
https://www.lecontemporain.net/2024/06/camus-ou-la-morale...
14:02 Publié dans Philosophia | Lien permanent | Tags : camus, nietzsche, montaigne, chamfort
mercredi, 04 janvier 2023
Une pensée pour Albert Camus
Que ce soit dans sa vie d’homme ou son œuvre d’écrivain, il est bien des idées, des images ou des leçons à retenir de lui. Un mot, pourtant, pourrait le résumer, c’est celui de gratitude. Au lieu de se laisser envahir par le ressentiment, Camus n’a jamais manqué une occasion de se montrer reconnaissant.
La reconnaissance, on la trouve au cœur de son œuvre où il rend hommage à ceux qui l’ont inspiré comme Jean Grenier (son ancien professeur de philosophie) dans L’Envers et l’Endroit, Kafka dans Le Mythe de Sisyphe ou encore Dostoïevski dans L’Homme révolté.
La reconnaissance, on la trouve aussi et surtout dans sa vie où, à des moments tout à fait essentiels sur le chemin de sa propre reconnaissance, il a cité ou mentionné tour à tour Gide, Malraux ou Montherlant.
La réception du Nobel de littérature fut, comme chacun sait, l’occasion de la gratitude exprimée à l’endroit de son ancien instituteur, Monsieur Germain, dans une lettre devenue fameuse par sa bouleversante simplicité, qui devrait être lue rituellement dans toutes les écoles de France.
Et que nous a laissé Camus après sa mort sinon le plus beau témoignage de reconnaissance qui soit, à l’égard d’un père, son propre père mort au champ d’honneur en 1914, dans ce roman posthume et désormais central parmi ses œuvres qu’est Le Premier Homme.
Au demeurant, s’il est un message à retenir de Camus, c’est celui qu’il a délivré dans son discours de Stockholm en 1957 et qui, avec l’évolution du monde (il faudrait plutôt parler de sa dégradation), est devenu comme un impératif moral pour toute l’humanité :
« Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se défasse. »
Cette tâche dont parlait Camus est peut-être la plus belle expression de ce sentiment de gratitude qu’il se devait d’avoir, non seulement envers ses maîtres ou ses devanciers, mais aussi envers le monde qui l’a vu naître.
01:02 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : camus, dostoïevski, kafka, malraux, montherlant
dimanche, 16 janvier 2022
Du réenracinement au redressement : un hommage à Simone Weil
L’Enracinement de Simone Weil – publié posthumément grâce à Camus en 1949 – est un grand texte, riche, historique et philosophique. Plus encore que L’Etrange Défaite de Marc Bloch, car le point de vue qu'y développe la philosophe est ample, ambitieux et même pratique. C’est le remède après le diagnostic, mais avec une médecine qui tient autant de l’analyse de la psyché collective que du programme de redressement physique du pays.
Au commencement, il y a un mal très profond, plus profond que les circonstances historiques immédiates : le déracinement. Il est de trois ordres (ouvrier, paysan et national) et a deux causes principales (la dissolution des corps intermédiaires et la modernité technicienne). Il convient par conséquent de réenraciner ce qui a été coupé de ses racines essentielles. L'idée de patrie est réhabilitée et définie selon une conception participative : « Un être humain a une racine par sa participation réelle, active et naturelle à l'existence d'une collectivité qui conserve vivants certains trésors du passé et certains pressentiments d'avenir. »
Le point de vue de Weil est à la fois vitaliste et chrétien, plus proche de la mystique que du dogme, mais aussi anti-romain, anti-machiavélien et antimatérialiste. Elle dénonce tour à tour le modèle totalitaire romain, la politique de Richelieu, la recherche de l’intérêt contre le bien ou encore la grandeur identifiée à la force. Elle entend faire revivre les notions de devoir et d'honneur, mais également un esprit de vérité, de justice et d'amour, par la réconciliation entre la science et la religion, la subordination de la force à la justice et la réhumanisation du travail, dont la nature spirituelle doit être reconnue.
Le programme de Weil s’adresse à l’âme autant qu’au corps de la nation. Il s’agit de ranimer une France naufragée dans le monde moderne, de lui insuffler le grand esprit pour la sauver du péril techniciste. Si le spiritualisme de la philosophe pourtant venu du marxisme peut paraître désuet, son anti-technicisme qui se veut libérateur rejoint celui des meilleurs philosophes de son temps comme du nôtre. Il est une inspiration pour nous ici et maintenant.
10:47 Publié dans Philosophia | Lien permanent | Tags : weil, camus
samedi, 04 janvier 2020
Camus heureux
L’absurde ne peut aller qu’avec l’abstention. Camus a mis du temps à le comprendre. Il s’est engagé jusqu’à l’absurde avant d’y renoncer. Il s'est donc désengagé, retiré, isolé ; mais peut-être fut-il heureux ainsi.
00:35 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : camus