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mercredi, 31 août 2022

Amiel au sujet du progrès

Henri-Frédéric Amiel a peut-être donné la meilleure définition du progrès. Elle se trouve dans son Journal intime à la date du 30 décembre 1874 (tome X, éditions de L'Age d'homme) : « Mille choses avancent, neuf cent quatre-vingt dix-huit reculent ; c’est là le progrès. » Une version alternative et probablement apocryphe circule un peu partout avec « neuf cent quatre-vingt-dix-neuf ». Sans doute vient-elle d’un recopiage hâtif et inspiré par la volonté – inconsciente ou non – de rendre la formule plus frappante.

Pourtant, Amiel n’a pas voulu qu’elle fût ainsi. Quel sens faut-il donc donner à ce neuf cent quatre-vingt-dix-huit qui apparaît comme une réserve voire une double réserve avec un écart de deux accordé au progrès ? Dans le fond, son idée était que la marche du progrès est très près d’être un jeu à somme nulle ; mais la nuance est importante : « très près » ne signifie pas que cela en soit un. En réduisant l’écart de deux à une seule avancée, on pourrait laisser penser – non sans ironie – que le seul avantage du progrès est la marche du temps. Or, précisément, c’est peut-être ce que cherchait à éviter Amiel.

18:55 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : amiel, progressisme

jeudi, 23 septembre 2021

Un nouveau stade de la déconstruction

Après la déconstruction des idées, voici venu le temps de la déconstruction des hommes. De bons esprits progressistes considèrent que les mâles doivent être déconstruits, c’est-à-dire dépouillés des derniers oripeaux de la domination masculine. Il faut mesurer le chemin parcouru par l’idéologie progressiste en moins d’un siècle : le modèle de l’homme nouveau est passé d’une manière de surhomme productif – personnifié par Stakhanov – à un mâle diminué pour le bien des femmes et de l’environnement. Pour les nouveaux progressistes, l’espérance ne réside plus dans l’émancipation de l’humanité, mais dans la diminution de la part de virilité en l’homme. C'est la condition pour que la domination disparaisse – ou simplement pour qu'elle change de mains.