Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

vendredi, 30 septembre 2005

Le bon mot

Un bon mot doit presque tout au hasard de la langue et à la nécessité des circonstances.

13:25 Publié dans Diplomatie | Lien permanent | Tags : sentences

lundi, 26 septembre 2005

Impunité

La longue vie de Cioran est la preuve qu'on peut pester contre la vie sans en subir les conséquences.

15:20 Publié dans Blasphème | Lien permanent | Tags : cioran

dimanche, 25 septembre 2005

Le dernier mot

Il est bon d'avoir le dernier mot ; mais seuls les imbéciles tiennent à l'avoir absolument.

11:50 Publié dans Diplomatie | Lien permanent | Tags : maximes, sentences

samedi, 24 septembre 2005

Buzzati vs Kafka

Buzzati n’est pas aussi grand que Kafka. Son Désert des Tartares pourtant soutient la comparaison avec Le Château. A certains égards, il a même sur l’autre un avantage qui plaît aux tenants de l’absurde : le monde de Drogo est débarrassé du fatras théologique qui, en creux, encombre, domine celui de K. l’arpenteur. L’idée du château n’est pas qu’un clin d’œil géographique ou biographique, elle est un symbole presque trop transparent de ce qui ne l’est pas tout à fait. La transcendance ici a beau être incertaine, elle n’en a pas moins les attributs de la transcendance classique : elle est invisible, inaccessible, sans doute idéelle. Chez Buzzati, rien de la sorte, pas de transcendance cachée, pas de quête impossible, pas même de déréliction : l’homme est seul avec sa vie, sans nostalgie de Dieu, sans espérance hors du monde terrestre. Si K. est un Kafka qui pourrait être tout le monde, Drogo est l’homme moyen que n’était peut-être pas Buzzati lui-même.

Buzzati n'est pas dans l'allégorie comme Kafka, mais dans le réalisme symbolique. Peut-on même parler de symbolisme ? Le Désert des Tartares ne redouble pas Le Château. Philosophiquement, l'un est horizontal quand l'autre est vertical. Le roman de Buzzati est pur de tout symbolisme religieux, sans flou métaphysique. Il s'attache à la vie simple, à l'arête de l'existence pour décrire une ligne de vie sans ligne de fuite. Son monde est comme un paysage sans ciel. La vérité est bien ici-bas, dans la vie présente, mais Drogo qui le savait déjà n’en prend l’entière mesure que trop tard. Il a passé sa vie à attendre, à regarder devant lui et quand il s’en rend compte, elle est déjà derrière lui – il n’a pas vécu. L'arrivée des Tartares ne l'intéresse plus. Les Tartares ne sont que la vie après laquelle on court, l'événement extraordinaire, mais terrestre qu’on espère. L'autre vérité qu'il lui reste à accepter, non pas derrière, mais devant lui, c'est la mort. Et tandis que K. finit par perdre son sourire dans sa quête sans fin, Drogo accueille la mort avec un sourire qui n’attend plus rien.

17:40 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : kafka, buzzati

mercredi, 21 septembre 2005

Le souci de l'autre

Il n’est pas une règle de politesse qui ne soit commandée par le souci de l’autre. A cette authentique philosophie de l’Autre, à cette seule morale efficace qu’est la politesse, on préfère pourtant un discours sur l’Autre qui n’est ni authentique ni efficace, seulement incantatoire et imbécile.

10:50 Publié dans Succédanés | Lien permanent

samedi, 17 septembre 2005

Jouhandeau ou le vice ajouté à Silesius

Il y a du Silesius en Jouhandeau – celui de l’Algèbre des valeurs morales. La preuve par cette formule : « Dieu est grand et moi aussi. » Mais il est une chose chez Jouhandeau qu’on ne trouve pas chez Silesius, c’est l’orgueil du vice.

10:30 Publié dans Gloria | Lien permanent

jeudi, 15 septembre 2005

Gustave Moreau en son musée

Le musée Gustave Moreau est situé près de la Trinité, dans le beau quartier qu’on appelle la Nouvelle Athènes depuis les années 1820. L’ancienne maison-atelier de Moreau abrite le musée. Elle a été transformée à cet effet du vivant même du peintre. Certaines pièces, depuis, ont été réaffectées, et de nouvelles ont été créées. L’appartement du premier étage est un intérieur bourgeois bien de son temps, contrastant avec le faste de sa peinture. La chambre et le boudoir sont à eux seuls un musée de souvenirs en même temps qu’un musée des œuvres des amis de Moreau, des peintres eux-mêmes : Chassériau, Degas et Fromentin notamment. Il est frappant de voir à quel point Moreau, Chassériau à part, leur est éloigné par la peinture. Deux femmes ont régné sur lui : sa mère et sa maîtresse, Alexandrine Dureux. On n’ose imaginer la cohabitation entre les deux femmes ; mais on comprend leur place, leur influence, leur ascendant peut-être. Tout cela a un parfum de matriarcat.

Les deuxième et troisième étages correspondent à l’ancien atelier où désormais sont exposées les œuvres de Moreau, peintures, dessins, sculptures. Le deuxième étage est celui des peintures monumentales, parfois pompières, parfois remarquables, dont une retient particulièrement l’attention : Les Prétendants. C’est une représentation symbolique du pouvoir, sacralisé à l’antique, mais environné par le crime. La sacralité est là pour lui conserver une apparence de pureté, mais c’est bien une impression de désacralisation qui l’emporte. Le Prométhée foudroyé aussi est une belle chose, où le titan s’effondre sous les coups d’un ciel vidé de ses dieux. Deux versions sont proposées des Chimères : une noire, presque indéchiffrable, non loin de la blanche, la plus connue. La mythologie ici est noyée dans un enchevêtrement de chairs qui ressemble assez à une orgie.

Au troisième étage, se trouvent de nombreuses œuvres remarquables, parmi les plus fameuses du peintre : les variations autour de Salomé, La Vie de l’humanité, Le Triomphe d’Alexandre le Grand. Cette dernière œuvre est encore celle qui fascine le plus. Il s’agit du triomphe indien d’Alexandre, du dernier triomphe correspondant à la plus grande expansion de son empire. Alexandre est installé sur un trône monumental dans un paysage sombre et montagneux de l’Inde du Nord. Moreau a couvert le tableau de lignes blanches, géométriques, caractéristiques de l’art indien, pour situer le lieu du triomphe. On y sent la fin de la conquête, la fatigue du conquérant, la fragilité de l’empire. D’autres œuvres méritent d’être mentionnées : la réplique d’un tableau de Carpaccio, une série sur Léda, une autre sur la débauche. L’érotisme qui occupe une grande place chez Moreau est toujours débridé ou tragique. Sous le regard de la mère et de la maîtresse, il semble hésiter entre la liberté et la malédiction.

14:30 Publié dans Beaux-arts | Lien permanent

lundi, 12 septembre 2005

Les bonheurs imaginaires ou présumés

Selon La Rochefoucauld, « On n’est jamais si heureux ni si malheureux qu’on s’imagine. » Balzac, semblant lui répondre, dit presque la même chose : « Nous ne sommes jamais ni si malheureux, ni si heureux qu’on le dit. » Balzac est moins fin que La Rochefoucauld, mais les deux ont raison. En matière de bonheur comme de malheur, la rumeur se trompe comme l’imagination.

samedi, 10 septembre 2005

Disqualification

L'écrivain qui lit devrait être déclassé, considéré comme un tricheur.

11:35 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : sentences

mardi, 06 septembre 2005

Moderne tartufferie

Certains acteurs réconcilient le goût du lucre avec leurs idées généreuses en prêtant leur image à la promotion des services publics. Et lorsqu’ils la prêtent à de grandes marques, ils se font payer très cher pour se donner l’impression de faire payer les riches.

11:05 Publié dans Faux-semblants | Lien permanent