mardi, 21 juillet 2015
Mémoires d'un musicien contrarié
De l’aveu même de son auteur, Musique secrète appartient au genre des mémoires. Il s’agit ici des mémoires d’un écrivain qui se destinait à la musique plutôt qu'à la littérature. Richard Millet explique pourquoi son destin n'a pas été celui-là et comment le choix des lettres s’est fait en quelque sorte par défaut, la voie de l'interprétation ou de la composition musicale lui ayant été fermée. Cependant, la musique lui est restée aussi essentielle que la littérature, par une écoute ou une pratique quotidienne, mais aussi comme une source secrète pour l'écriture, et même un recours ultime contre les doutes ou les tourments.
Dans son écriture comme dans son rapport à la musique, Millet vise toujours à un au-delà des mots, des notes ou des sons. Il dit bien, avec un sens du mystère proche de la mystique, que la musique elle-même est un silence au-delà du silence, comme si fondamentalement elle devait taire au lieu d’exprimer. Il est coutumier de ces paradoxes apparents qui rappellent Blanchot et qui ressortissent - dans le fond - à une philosophie du désastre. Le livre se conclut du reste sur une belle formule qui en relève parfaitement : « écrire n’étant rien d’autre que vivre en étant le musicien de sa propre mort. »
15:06 Publié dans Lettres | Lien permanent | Tags : millet, blanchot