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mardi, 15 juillet 2008

Quignard, prophète d'un passé perdu

Les Paradisiaques forment le quatrième volume de ce cycle sans fin possible, semblable à aucun autre, qu’est Le Dernier Royaume. Une œuvre totale plus qu’une œuvre fragmentaire, où l’aphorisme voisine avec le poème, le conte avec le commentaire, et dont l’objet principal est la quête de ce Premier Royaume qui a tout précédé. Quignard part de quelques intuitions empruntées à d’autres qu’il fait siennes en les développant magnifiquement : un Jadis a existé avant le temps (saint Bernard) ; la ressemblance n’existe pas en soi (Lévi-Strauss) ; la littérature s’adresse à la voix de gorge (Malraux). A ces intuitions, il en ajoute d’autres : l’eau nous relie au premier monde ; le monde interne se développe dans un autre monde ; les lieux nous déterminent plus que les gens ; et de tout cela, il fait une belle vision du monde et une œuvre unique. Mieux, il se fait le prophète d'un passé perdu.