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mardi, 15 décembre 2020

De l'art de voyager à l'ère postmoderne

Nous voyageons et nous ne voyageons pas. Nous voyons des choses et nous ne les voyons pas. Nous ne voyons que l’extérieur des choses ou ce qu’il reste de leur passé glorieux. Par la force même des choses, les lieux ne nous échappent certes pas ; mais nous ne nous fions qu’à leurs apparences. Autrement dit, si nous voyageons, nous voyageons en surface et non en profondeur. Nous glissons sur les voies que nous empruntons ; même nos yeux finissent par glisser sur les murs que nous contemplons. Nous croyons pénétrer le sens d’un pays par ce qu’il a été au temps jadis ou par ce qu'il est et demeure aujourd'hui. L’absence de contact prolongé avec ses habitants n’est pas forcément en cause.

Dans L’Art de l’oisiveté, Hermann Hesse dit ce que doit être le voyage pour qu’il ne soit pas superficiel. Il évoque la fréquentation des habitants du pays visité et même le partage de leur vie quotidienne. Cette vision avait son sens en un temps où les populations n’étaient pas uniformisées par l’économie de marché et un mode de pensée mondialisé. Cela ne signifie pas qu’il reste seulement de beaux paysages à traverser ou des vieilles pierres à visiter ; mais cela relativise la fonction de découverte du voyage, d’autant que même la réalité physique du monde est ou peut être connue virtuellement, dans sa plus grande extension, de tous. Ce qui reste à découvrir se trouve donc hors des réseaux de communication classiques ou virtuels, sur des chemins secrets ou dans ce que cache la fausse transparence d’un monde globalisé.

17:14 Publié dans Faux-semblants | Lien permanent | Tags : hesse