mercredi, 12 juillet 2017
Terrence Malick, entre perdition et rédemption
Song to song de Malick met en scène un trio amoureux dévastateur qui laisse la place à des amours parallèles, successives et malheureuses. Mais le sujet du film qui a pour cadre le milieu texan du rock n’est pas tant l’amour ou même la liberté sexuelle que le désarroi contemporain que traduisent les excès en tous genres. Cela vaut parfois au spectateur des moments pénibles qui, malgré le style elliptique et lyrique à la fois de Malick, relèvent de l’épreuve morale et visuelle. On dira peut-être que la caméra tourne à vide, que le cinéaste s’imite lui-même, que son sens poétique s’est perdu et qu’il ne reste rien de ce qui a donné ses grands films. Mais la manière, fondamentalement, n’a pas changé, même si elle s’est radicalisée comme pour faire système. La nouveauté, s’il en est une, se trouve plutôt dans le propos, dans l’explicitation d’un point de vue métapolitique, dans l’expression d’une critique du nihilisme contemporain. Le film est même une charge vigoureuse contre la contemporanéité, mais aussi un appel à la vie simple dans une communion avec la nature.
14:39 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : malick
jeudi, 06 juillet 2017
L'Adieu de Zweig au monde
Le film de Maria Schrader - Stefan Zweig, adieu l'Europe - donne à voir quatre moments de l’exil de l’écrivain, qui oscille entre détachement et nostalgie, ironie et mélancolie, jusqu’à l’épilogue universellement connu. Toute la subtilité du film est de montrer, derrière ces oscillations et malgré l’attachement à une nouvelle terre – le Brésil –, le lent et presque imperceptible effondrement de Zweig. Il se voit en creux ou fugitivement, dans un geste, un regard ou encore le reflet d’une vitre de voiture où passe un feu de broussailles comme une vision de la guerre lointaine.
On est agréablement surpris par la forme d’un film, qui, avec son sujet, avait tout pour tomber dans l’ordinaire ou le déjà vu. On retient de belles choses : le plan fixe de l’ouverture ou celui de l’épilogue, divisé en champ et contrechamp par le miroir d’une armoire, ou encore ce diptyque visuel où, dans un appartement new-yorkais, Zweig et son ex-femme semblent abattus sans se regarder. L’image d’un couple qui s’est défait dans un monde lui-même en train de se défaire et qui, pour cette raison même, ne peut se reformer.
01:18 Publié dans Kino | Lien permanent | Tags : zweig